Extrait du journal

avant-hier pour l'apôtre de l'anticléricalisme. Sans prévenir personne, vous vous découvrez publiquement spiritualiste. A qui se fier? Cependant, il convient de vous prendre au sé rieux. Si la singularité extrême de vos débuts dans l'éloquence saerôe parlementaire nous a invité un instant à douter de vous, n'en soyez pas effarouché. Nous voulons sincèrement faire effort pour vous comprendre. Mais vous êtes obscur, Monsieur le président, comme les eaux profondes. 11 n'y a qu'une chose bien certaine dans votre philosophie, c'est que vous êtes une âme tourmentée. Déjà, vous l'avez rappelé vous même;-dans un discours que vous aviez fait au Sénat, vousaviezparlé des secours que la religion apportait à ceux qui souffrent de douleur se crète. Vous, dont la politique a paru si brutale et si terre à terre, vous avez le sens aigu de l'i déal ; vous avez sans cessé le souci « des périls et des épreuves de la vie ». Et vous cherchez contre les misères humaines un refuge que les hommes cherchent depuis sept mille ans. Voilà bien, n'est-ce pas? le problème que vous vous posez, et encore que ces délicatessesmétaphy siques ne soient pas très familières à beaucoup de représentants du peuple qui ont l'habitude de voter pour vous, nous ne pensons que ce problème en soi les eût si fort troublés. Mais c'est la solution que vous avez donnée qui les a démoralisés. Car vous n'avez pas pris de détour. Vous avez dit tout crûment que le re fuge, c'était la religion, qu'elle était vieille en France de quatorze siècles, et que, en attendant le règne de la raison, elle demeurait la grande puissance morale. En tenant ce langage, vous avez eu plus que de l'audace. Vous avez été té méraire, tant il est dans votre nature d'être démesuré. Beaucoup qui sont plus tolérants...