PRÉCÉDENT

Journal des débats politiques et littéraires, 28 juillet 1848

SUIVANT

URL invalide

Journal des débats politiques et littéraires
28 juillet 1848


Extrait du journal

PARIS, 8T JUILLET, La discussion continue sur le projet de décret relatif aux clubs, mais aucune question générale ne vient donner de la couleur et de l'intérêt au débat. Les orateurs se trainent dans les détails ; on bataille sur des mots ; les plus habiles es saient de revenir sur ce • qui a été voté en présentant des amenderaens captieux. Tout cela n'offre rien de bien piquant. Nous avons as sisté , qu'il nous soit permis de le dire, dans ces Chambres qu'on appelait les Chambres du monopole, à des débats d'un ordre un peu plus élevé. Uue loi comme celle qui est en ce mo ment en discussion devant l'Assemblée Nalionale, aurait appelé à la tribune les premiers orateurs du pays, et ces orateurs ne se seraient pas contentés d'attaquer un mot ou de chicaner sur une phrase. On aurait sondé hardiment, de pari et d'autre, les principes de la matière. On aurait examiné la nature même de ces réunions qui, sous le nom de clubs, ont déjà joué un si grand rôle dans notre histoire révolutionnaire ; la philosophie aurait re levé les détails arides du suj'et, et, après une dis cussion de quatre heures, nous ne serions pas obligés de chercher péniblement dans notre mé moire ce qui a pu occuper la Chambre pendant un temps si long ! L'article \ 3 est voté , ou plutôt cet article a été converti en deux autres. Par le premier les sociétés secrètes sont interdites et punies. Ce n'est pas nous qui réclamerons. Sous tous les gouverne tnens les sociétés secrètes sont un foyer d'intrigues et de conspirations, une école de dépravation po litique et morale ; elles ne peuvent produire que du mal. C'est dans les sociétés secrètes que se sont for mées pendant dix-sept ans les sectes sauvages qui, après avoir renversé la monarchie constitutionnelle | au nom de la République , essaient aujourd'hui de renverser la société môme. Quiconque s'initie aux sociétés secrètes se sépare de la grande, de la vraie , de la seule société. Dans ces conciliabules ténébreux , on s'exalte, on s'échauffe, on se forge une morale à part ; on n'est plus du monde et de la cité, on est de sa secte! Les aveux que. nous avons entendus prouvent assez que la monar chie avait raison de proscrire les sociétés secrètes. Nous ne dirons pas à la République : Supportez les , car c'est de leurs entrailles que vous êtes sor tie. Peu nous importe l'inconséquence des hommes. Nous aimons mieux admettre avec M. Flocon que tout est changé. Délivrez-nous des sociétés se crètes , retranchez cette cause incessante de dés ordre et de sédition, nous ne vous demanderons pas ce que vous étiez hier, et peut-être serez-vous plus habiles que nous à les détruire, car vous les connaissez mieux. Par un second article on a réglé définitivement la condition des sociétés non publiques qui n'ont pas la politique pour objet. Ces sociétés ne seront assujetties qu'à faire à l'autorité municipale la dé claration du lieu et de l'objet de leur réunion, et qu'à donner le nom de leurs fondateurs, administ rateurs et direcleurs. R va sans dire que si ces déclarations étaient fausses, les membres de ces sociélés seraient, poursuivis comme ayant fait par lie de sociétés secrètes et pourraient ctre condam nés aux mêmes peines. Nous croyions que tout était prévu. M. Dufaure a découvert cependant une autre hypothèse, celle où des sociétés non publiques voudraient s'occu per de matières politiques. L'honorable orateur a pensé qu'il n'était pas possible de proscrire abso lument ces sociétés-là, et en conséquence il a pro posé de les soumettre à l'obligation d'obtenir une autorisation préalable qui pourra toujours être révo quée. Après deux épreuves très douteuses, le para graphe de M. Dufaure a passé. Voici donc quatre es pèces de sociétés réglementées de quatre manières différentes : les clubs proprement dits, qui seront pu blics et soumis à la surveillance du magistrat ; les sociétés secrètes , que la loi interdit purement c t simplement ; les réunions non publiques n'ayant pas la politique pour objet, celles-ci en seront quittes pour faire une déclaration à l'autorité municipale ; enfin les réunions non publiques s'occupant néanmoins de matières politiques, qui auront à obtenir une autorisation préalable. Est-ce tout cette fois? Croyez-vous avoir tout prévu? Soyez tranquilles , on vous prouvera avant qu'il soit peu qu'il n'y a pas de prévoyance que la subtilité des factions ne mette en défaut. Le véri table objet de la loi c'étaient les clubs. On aurait mieux fait peut-être de ne pas s'occuper, pour le moment au moins , des autres réunions. Le dé cret s'embarrasse dans l'excès de sa prévoyance. II soulève des difficultés qu'il aurait mieux valu laisser dans l'ombre, on l'éludera par les pré cautions mêmes qu'il a prises pour n'être pas éludé. C'était bien assez de l'essai qu'on veut faire - sur les clubs. N'est-ii pas étrange, comme l'a fait re marquer avec raison M. de La Rochejaquelein, qu'après avoir pris tant de moyens pour assurer la publicité des clubs, après avoir posé cette publicité comme la base des sociétés politiques, après avoir interdit et puni les sociétés secrètes, on.ait reconnu et autorisé cependant une espèce de sociétés politiques et non publiques, soumises à des conditions spéciales? Les clubs, voilà la grande question. Sont-ils compatibles avec l'ordre et la tranquillité publique ? Y a-t-il une organisation qui puisse les empêcher de dégénérer en foyer d'excitation à la guerre civile? C'est ce que nous . verrons. Le décret est là tout entier. Nous l'atten dons à l'expérience. Quoi qu'il en soit, il ne reste plus qu'à régler la compétence, c'est-à-dire à décider quels tribu naux connaîtront des diverses sortes de délits et de contraventions déterminés par la loi. Ce sera l'af faire de la séance de demain. Ala fia de la séance d'aujourd'hui, M. Mauguin a demandé à interpeller le gouvernement sur la politique étrangère. Ces interpellations auront lieu lundi prochain....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • li
  • dufaure
  • de reden
  • water
  • wrangel
  • o'brien
  • w. jeffs
  • antonini
  • hamard
  • de la rochejaquelein
  • limbourg
  • luxembourg
  • allemagne
  • hollande
  • francfort
  • belgique
  • meuse
  • la meuse
  • rome
  • france
  • l'assemblée
  • parlement
  • assemblée nationale
  • la république
  • comité des finances
  • cental
  • i.k
  • notre république
  • comité de législation
  • comité du travail