Extrait du journal

M. Henry Maret ne se contente pas d'être élu ; il veut encore avoir raison contre M. Picot, ce qui est plus difficile. La lettre de celui-ci l'a piqué au vif. M. Picot a montré que la candidature officielle existait toujours, môme à l'insu du gouvernement, même à rencontre du ministre de l'intérieur, par le fait des quelques centaines de fonctionnaires en sous-ordre que le député sortant a fait nommer dans son arrondissement et qui de viennent ses principaux agents électoraux. Ce sont les facteurs, les receveurs bura listes, les gardes forestiers, etc., sans parler des instituteurs, qui mènent la campagne au profit d'un des candidats. Mais que dire lors qu'un ministre même, trois jours avant le vote, écrit une lettre au candidat radical et lui annonce que, sur sa demande, il aeconte -1,500 fr. aux vignerons, ses électeurs? M. Henry Maret s'indigne qu'on ait pu en tirer argu ment : il appelle cela une calomnie. A l'en tendre, il n'y a aucun rapport entre la lettre officielle et l'élection du 20 août. La preuve qu'il en donne est que sa demande au minis tre datait de deux mois avant les élections. Soit! Mais la réponse de M. Viger datait seu lement de trois jours avant : elle est tombée juste à point pour produire un effet de la dernière heure. Cette lettre, dit M. Ma ret, n'a été publiée que dans un journal local: en vérité, cela suffit pour la condam ner. Nous ne voyons qu'une excuse que M. Maret pourrait faire valoir à la dé charge de M. Viger; c'est que celui-ci a peut-être bien signé la lettre sans la lire, et qu'un employé subalterne l'a glissée sous sa main sans qu'il s'en aperçût. Le fait est pos sible, mais il confirme la thèse de M. Picot. La routine administrative est plus forte que la volonté du gouvernement, et elle s'exerce conformément aux plus mauvaises habitudes. C'est à cela qu'il faut mettre ordre : seule ment nous comptons peu, pour accomplir une telle réforme, sur la vigilance et sur la fermeté d'un ministre radical....