Extrait du journal

sonnaient dans le vide, étrangement courtes, et sur tout cela passait par moments le vent déli cieux des nuits d'été. Qu'il paraît léger, à de certaines heures, le voile insaisissable qui dérobe aux yeux mortels l'âme mystérieuse de l'univers! Une même force entraînait le ruisseau dans sa course, les nuages flottant sur les étoiles et les étoiles an fond du ciel, un même souffle courbait les ar bres chargés de fruits et les herbes lourdes de rosée. Un instant j'ai pu croire que le mot de la destinée allait échapper à ce monde muet, et qu'en l'écoutant d'un cœur confiant je saurais enfin le secret de l'avenir,.. Août. Mon père me regarde, dans mes: moments de gaieté, avec une sorte d'attendris-' semunt ; je sens en lui de. la surprise et de l'es-? timo. Pas une allusion n'a été faite entre nous âfi prochain mariage d'Àd. Il me laissé libre, libre dans ma douleur ou dans mcjo indifférence, , libre de guérir moi-même mon trouble, de me refaire un coeur nouveau. Oh ! je n'aurais pu supporter de l'entendre me dire : « Ma pauvre enfant » ou l'une quelconque de ces phrases de pitié humiliantes et malfaisantes. Tout se passe en moi, en moi seule, sans que qui' se soit cru le droit d'en.soupçonner quelque chose. Août. Mon vieux rêve de vivre à la cam pagne se ranime et de nouveau m'attire. Mais je n'y vivrais pas tout à fait comme autrefois, Autrefois !... j'aurais voulu y rester solitaire, enivrée de songes ignorés, et passer ainsi" la...