Extrait du journal

-Le Sénat a commencé la discussion au pro gramme naval ; il faut espérer qu'il l'achèvera aujourd'hui. Comme l'a dit M. Delcassé, ce pro gramme n'est pas intangible; il sera modifié si les événements l'exigent. Mais il représente pour le moment la première garantie à prendre pour mettre la marine à l'abri de l'arbitraire et pour assurer la continuité de notre politique navale, le rajeunissement de notre flotte et le bon emploi des crédits qui y sont affectés. Ce qui presse, c'est l'exécution.Depuis des années, l'utilité d'une mesure de cet ordre est évidente, proclamée par les Chambres, exposée du haut de la tribune par les rapporteurs du budget et par les mfinistres. Il faut aboutir à un acte. Ce n'est donc pas le moment des chicanes dé détails: Quelques orateurs ont tenu cependant à présenter des observations ou des critiques. Il ne semble pas que celles-ci aient beaucoup frappé le Sénat. Il sait que les plans des ba teaux, que la composition des escadres et là proportion des unités nécessaires ont été étu diés par des services techniques autrement qualifiés à cet égard qu'une Assemblée parle mentaire. On commence à s'apercevoir en France, et même dans les sphères politiques, que la marine est un domaine scientifique qu'il convient de laisser à la juridiction des spécia listes. C'est une grande nouveauté. Pendant longtemps les milieux parlementaires et sous parlementaires qui nous gouvernent, imbus de leur omniscience, se sont crus aptes à trancher des plus hautes questions de tactique navale. Us avaient des remèdes à tous les maux de la marine. Le pis est qu'ils les aient appliqués. Autant prendre médecine sur avis d'un Comité électoral. L'ensemble du programme a néanmoins trouvé un adversaire, et un adversaire de mar que,, en M. d'Estouroelles de Constant, Cet apôtre du pacifisme invoque ici log intérêts de la défefisè nationale, C'est eu leur norn qu'il, combat l'accroissement ou la rénovation de notre flotte. A ses yeux, le renforcement de nos escadres ne peut que nuire à ces intérêts. Dés armons, désarmons, ne cesse de crier sa voix dans le désert : c'est le moyén d'être forts. Mais l'heure est passée où ce refrain trouvait écho dans notre Parlement. -Il a suffi d'un coup de vent du dehors pour dissiper les nuées mal saines ; et les attardés qui chantent encore le couplet vieilli ne s'aperçoivent plus qu'il est passé de mode. Il n'a fallu que quelques mots de M. Delcassé pour mettre en évidence les vrais sentiments du Sénat, qui sont aussi ceux du pays. Briève ment, le ministre de la marine a présenté les raisons pressantes qui rendent un tel pro gramme nécessaire. Il en a résumé les carac-...