Extrait du journal
donna ses destinées sans crainte an souverain qui avait réuni les suffrages de l'Europe. Nous n'avons pas à faire ici l'histoire du gouvernement de la régence; nous rappellerons seulement que l'année dernière, deux de ses membres, généralement considérés comme les plus actifs et les plus dévoués aux intérêts de la Grèce, furent révoqués de leurs fonctions par le roi de Bavière, et qu'à la suite de ce change ment le comte d'Armansperg se trouva pour ainsi dire seul en possession du pouvoir. Les intrigues qui amenèrent ce résultat, et dont le secret eut bientôt transpiré, mécontentèrent vivement l'opinion publique, et la confiance du pays fut ébranlée, quand il se vit sacrifié à des ambitions personnelles. Cependant on conser vait l'espoir d'un changement de système à la majorité du roi, et c'est ce qui arrêta pendant près d'une année l'explosion du mécon tentement universel. Mais aujourd'hui que cet espoir semble perdu, et que l'ex-président de la régence, M. le comte d'Armansperg, auquel la Grèce attribue les malheurs de sa situation présente , est confirmé dans son pouvoir par le titre aussi bizarre que nouveau (Yarchi-secrétaire d'Etat, il se manifeste une agitation mena çante qui pourrait avoir des suites bien funestes et pour la Grèce et pour l'Europe elle-même. Le premier devoir que la régence avait à remplir dans l'intérêt du nouveau souverain, c'était de faire oublier son caractère de prince étranger, et s'il était vrai qu'il fût nécessaire d'introduire dans le royaume un corps de troupes bavaroises, ne rien négliger pour le rendre inutile le plus tôt qu'il serait possible. Il fallait encore, à l'égard des institutions politiques, ne pas perdre de vue que le peuple grec, malgré les factions et les guerres civiles, était de-» puis plusieurs années en possession du droit de se gouverner lui même par ses représentai, et qu'en lui donnant un chef, les puis sances signataires du traité de Londres n'avaient ni pu ni voulu changer un ordre de choses qui tenait à la nature même de la révo lution opérée. Enfin la régence devait se montrer, sous tous tes rapports, comme un pouvoir national, et surtout, à cause de la complication récente des affaires de l'Orient, ne se livrer à aucune influence exclusive, de nature à compromettre la Grèce dans les oppositions d'intérêts que les circonstances pouvaient développes* entre les puissances protectrices du royaume. Il est certain que ce plan de conduite, indiqué par la situation seule du pays, le fut encore expressément par les hommes éclairés qui portaient le plus grand intérêt aux affaires de la Grèce, et qu'il répondait aux intentions primitives de toutes les parties contrac tantes , ainsi qu'à l'opinion de plusieurs membres de la régence. Mais on vit bientôt que le comte d'Armansperg, par des motifs que nous ne voulons pas juger, comprenait autrement ses devoirs et les intérêts de son souverain, qu'il cherchait à isoler le Roi de la na tion, et à lui créer en dehors des appuis factices, et peut-être men songers ; que les Grecs étaient l'objet d'une défiance injuste, et que le gouvernement songeait surtout à éloigner des affaires et même de la Grèce, tous les hommes qui, par leurs longs services à l'épo que de la révolution, avaient acquis une juste influence dans le pays, ceux même qui, parleurs efforts, avaient le plus puissam ment contribué à l'établissement de la monarchie. Aujourd'hui on lui demande compte des ressources de l'emprunt qui n'ont pas été mises à profit, de l'armée nationale qui n'est pas organisée ,de la marine qui est dans le plus déplorable état, de l'instruction publi que, pour laquelle il n'a été encore rien fait, des essais coûteux et sans résultat qui ont eu lieu dans l'administration intérieure ; on demande enfin où sont les garanties constitutionnelles, tant de fois et depuis si long-temps promises à la nation, et dont l'absence a ouvert la porte à tant d'abus. OH attribue à l'influence russe une grande part dans la direction aetuelle du gouvernement de la Grèce. A en juger par les hommes dont s'entoure le comte d'Armansperg et par l'aversion qu'il té moigne au parti constitutionnel, on peut croire qu'en effet les conseils de la Russie le dominent beaucoup trop, au détriment des autres influenees légitimes qui n'ont pas perdu leurs droits. D'a près les dernières nouvelles que nous avons sous les yeux, le nom des hommes que le comte d'Armansperg y voulait appeler au mi nistère portait si évidemment l'empreinte des suggestions intéressées de la Russie, que les représentais des autres puissauces ont cru devoir protester formellement contre les choix qui se préparaient. Cette position nous semble en effet devoir sérieusement occuper au plus tôt l'attention des puissances de l'Occident ; car il y aurait là encore pour l'équilibre du continent un danger qu'elles ont la mission- de prévenir. Si l'intérêt commun de toute l'Europe est le maintien de la paix, celui de l'Augleterre, de l'Autriche et de la France, est le main tien de toutes les indépendances en Orient et particulièrement de l'indépendance de la Grèce. Il faudrait même se préparer à voir cette dernière puissance plutôt agrandie que resserrée, plutôt for tifiée qu'affaiblie, po«r entrer plus complètement dans le système européen et y apporter de nouveaux élémrns de résistance à l'ambition qui le menace. Voilà ce qui donnerait à l'Angleterre et à laJFrance, même sans les stipulations des traités, le droit rigou reux, et leur imposerait le devoir de surveiller la marche du gou vernement grec, pour empêcher, soit qu'il ne se livrât exclusive ment à la Russie, soit qu'il compromit sa propre existence, et par suite la tranquillité de l'Orient, par un système politique en dés accord avec les besoins et les vœux de ses sujets. Le dernier minis tre d'Angleterre en Grèce laisse beaucoup à faire sous ce rapport à son successeur. On assure que contrairement aux intérêts, et sans nul doute aux instructions de sa cour, il aurait grandement cou-...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - hollande
- cara
- grèce
- europe
- russie
- londres
- espagne
- angleterre
- france
- autriche
- dublin
- rio de janeiro
- parlement