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Journal des débats politiques et littéraires, 30 octobre 1835

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Journal des débats politiques et littéraires
30 octobre 1835


Extrait du journal

ministère, et qu'il allait se dissoudre ? On suppose des antipathies d'humeur, des rivalités de talent et d'ambition; l'un est plus révo lutionnaire, l'autre plus aristocratique. Tout récemment encore un projet de conversion des rentes aurait brouillé tout le conseil et dé cidé presque le ministre des finances, qui l'avait proposé, à la re traite. j En vérité, s'il était vrai qu'il y eût désunion dans lé ministère, il faudrait remercier l'Opposition de la peine qu'elle se donne pour en>éconcilier les membres, et pour leur montrer la faute qu'ils feraient de se séparer les uns des antres ! Les meilleurs amis du ministère ne lut prêcheraient pas pins éloquemment la nécessité de l'union ! Waiè, grâce à Diett, en ceci comme en tout antre chose, l'Opposition vit de fausses joies; Elle comptait sur la Chambre, et la Chambre lui a manqué. Elle comptait sur les électeurs, et les électeurs lui ont manqué; ils lui manqueraient encore. Elle compte sur les di visions du ministère, et le ministère n'a jamais été pins uni. A l'heure qu'il est, il n'y a pas un point'de , soit intérieure, soit extérieure, sur lequel leministère ne soit parfaitement d'accord. La conversion des rentes, puisqu'il a plu à l'Opposition de choisir la question de la conversion des rentes, né brouillera pas plus le mi nistère que les affaires d'Espagne ne Pont brouillé: Personne, dans le cabinet, n'a l'intention de présenter cette grave question à ré soudre aux Chambres. Nous en avons assez d'autres à vider avant celle-là. Ce serait folie que d'ajouter à tant de secousses politiques une secousse financière. En tout, c'est un peu de repos que le pays demande, un peu d'avenir, UB peu de stabilité. Cette vie de crises finirait par épuiser toutes les forces, par abattre tous les courages, par substituer partout le mécontentement à la confiance. Placé comme il l'est, le ministère ne peut pas se tromper sur les vrais besoins du pays, et ce n'est pas ce moment qu'il prendrait pour remuer toutes les fortunes. Le ministre des finances n'est pas seu lement un ministre des finances, il est aussi quelque peu ministre pour la politique générale; il sait ce qui convient au temps aussi bien que les autres membres du cabinet. L'Opposition, qui est en train de brouiller tout le monde, brouille aussi là France et l'Angleterre. Elle suppose de graves sujets de mécontentement entre les deux puissances, de l'irrita tion, presque une rupture. C'est qu'apparemment l'Opposition ne sait pas que les bonnes et solides amitiés'cntre les peuples comme entre les particuliers, sont celles qui reposent sur une sympathie profonde, sur des principes et sur des intérêts communs, et d'ail leurs sur des concessions muluelies; La France ne cherche pas à diriger les affaires intérieures de l'Angleterre; le cabinet anglais est trop sage pour avoir la prétention de diriger les affaires inté rieures de la France. Chacun est le maître chez soi} et chaeun est le meilleur juge de sa propre situation. Un ministre anglais n'ira pas demander compte au gouvernement français des lois que ce dernier aura faites pour réprimer les écarts, non de la presse an glaise mais de la presse française; et un ministre français, tout en trouvant de loin fort mauvaises et fort dangereuses les déclama tions de M. O'Counell contre la Constitution et la pairie, ne s'avi sera pas d'exiger du gouvernement anglais qu'il impose silence à M. O'Connell, ou qu'il rompe tout commerce avec lui. Chacun fait ses affaires comme.il l'entend; tout allié qu'on est, on reste libre dans ce qui ne touche pas l'intérêt commun. Qa'est-ce donc qui brouillerait la France et l'Angleterre? Serait ce les affaires d'Espagne? Mais là encore les deux puissances n'ont qu'un intérêt, et les principes qui les dirigent sont les mêmes. Elles ont toutes deux un égal désir de voir triompher en Espagne la cause de la Reine et la monarchie constitutionnelle. Le despotisme de D. Carlos en Espagne ne conviendrait pas plus à la France qu'à l'Angleterre, et l'anarchie pas plus à l'Angleterre qu'à la France....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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