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Journal des débats politiques et littéraires, 30 décembre 1829

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Journal des débats politiques et littéraires
30 décembre 1829


Extrait du journal

pleraent une erreur à signaler : il y a des hommes qui se sont tronipe's. Mais si cette erreur, dites-vous , hasarde le salut de l'Etat ? Oh ! rassurez-vous. Notre société , celle qu'a fonde'e la Charte , est faite de manière qu'il ne suffit pas d'upe érreur pour la renverser : il ne suffit pas même pour cela d'un mauvais vouloir aidé de puissance. Le ministère d'aujourd'hui en est la-preuve. L'état so cial qui date de la Charte ne périt pas pour une erreur, quelle qu'elle soit. Quant à la société chimérique que vous rêvez , il est vrai qu'il suffit de ce que vous appelez une erreur des magis trats pour la rendre plus impossible que jamais; il est vrai que, pour créer l'état social que vous voulez, la loi est impuissante, et la magistrature inactive. Mais qu'y faire ? Les lois et les corps de l'Etat ne sont pas faits pour asservir la majorité aux caprices de la minorité. Ils sont faits pour tout le contraire. Voilà ce qui vous accable , faible minorité que vous êtes, voilà ce qui vous irrite. Vous êtes arrive's à ce point d'incompatibilité avec nos institutions que chaque fois qu'elles agissent, elles vous blessent, que chaque fois que notre nouvel état social fait quel que chose , soit une loi par ses législateurs, soit un arrêt par ses magistrats, vous vous sentez frappés et vous criez; vous criez que tout est anarchie : oui, tout est anarchie , en vérité, puisque le majorité règne et que la minorité obéit. Changez donc tout cela : soyez la loi; soyez la magistrature comme vous êtes déjà le mi nistère. Alors il n'y aura plus d'anarchie ; non , il y aura dans la loi et dans la magistrature ce qu'il y a dans le ministère , et ce qui vaut bien mieux , sans doute, l'impossibilité. Lois, magistrats, ministres , tous égaux et pairs , tous compagnons de faiblesse et d'impuissance, harcelés, battus par la haine publique , quand ils voudront begayer quelque apologie devant la France indignée, ïie sauront dire autre chose pour se défendre, sinon qu'ils n'ont rien fait : rien fait, c'est là la gloire du ministère; rien fait, c'est là aussi la défense de la loi du ïien faire , c'est là la desti née de tout ce qu'essaiera de l'aire la contre-révolution. Tout parti qui, dans sçs raisonnemens et dans ses projets, sort du cercle des lois et des pouvoirs de l'Etal , est un parti révolution naire. Or, comparez d'après ce principe le parti absolutiste et le parti national ; comparez leur manière d'apprécier les arrêts de la justice. Il y a quelques semaines, au sujet d'un arrêt qui condamnait la publicité et l'approbation donnée aux projets d'association contre les illégalités, nous pensions que le tribunal de police correction nelle s'était trompé. Avons-nous dit. à ce propos, que la loi était despotique, comme nos adversaires disent aujourd'hui qu'elle est impuissante? Avons-nous crié à la tyrannie, comme ils crient à l'anarchie? Avons-nous prétendu qu'il y avait esclavage, comme ils prétendent qu'il y a impunité? Non; nous avons dit qu'il nous semblait qu'il y avait là une erreur; mais, sur celte erreur, nous n'avons condamné ni la magistrature , ni la loi. En tout cela certes nous avons eu un bien petit mérite,'un mérite facile pour nous , qui sommes habitués à ne jamais raisonner que dans le cercle des lois et de l'ordre établi; mais plus ce mérite est facile, plus il nous semble que c'est un signe de mauvaise nature de ne pas l'avoir. Voyez maintenant ce que disent nos adversaires à propos des deux derniers arrêts de la Cour royale , qui choquent leurs opi nions. Ils s'en prennent à la loi et à la magistrature ; ils ne disent pas qu'il a été mal jugé, ils disent qu'il y a impunité flagrante accordée aux crimes de ia presse. Singulières paroles ! Que pen senez-vous de quelqu'un qui , voyant absoudre par le jury ou par le tribunal un accusé qu'il croyait coupable d'homicide , se met trait à crier tout aussitôt que le Code pénal est impuissant. que l'homicide jouit désormais de l'impunité? Cela vous paraîtrait le langage d'un fou qui veut que tout le monde croie ce qu'il croit, et qui , se voyant trompé dans celte extravagante espérance, de mande qu'on change cette loi et ies tribunaux coupables de ne pas lui obéir. Voilà ce que fait le parti absolutiste : il a des idées et des opinions qui ne sont ni de notre siècle, ni de notre état so cial ; il réve une société d'exception en quelque sorte; et comme les lois et les corps de l'Etat ne se règlent pas sur ses idées d'exception, il crie qu'il faut changer les unes et les autres. Poussez la comparaison plus loin ; et , laissant les arrêts des Cours de justice, prenez les' autres actes de la vie politique de notre société: vous trouverez partout la même différence de lan gage entre le parti absolutiste et le parti national. Quand nous demandons une dissolution de la Chambre des Députés, nous en appelons aux élections légales, aux élections qu'ont instituées les lois, qu'a proposées la royauté , qu'ont votées les Chambres, qu'a sanctionnées le Roi. Quand le parti absolutiste parle d'élections , il parle d'élections instituées par ordonnance, d'élections nées , non de la loi, mais du bon plaisir....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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