Extrait du journal

Mettez, au contraire, la cognée à la racine même du mal; faites que les conseils municipaux et départementaux soient les véritables représentans des localités. Oh! alors la centralisation succombe ; alors il y a autre chose en France qu'un ministère et des agens de ce ministère, investis de plus ou moins de confiance; alors il est tout simple de remettre le maniement des affaires lo cales à ceux qui sont les hommes de la localité ; alors vous pou vez vous débarrasser , sans inconvénient, de ce fatras de petite be sogne qui surcharge vos bureaux. Le double but que nous pour suivons est atteint. D'une part, les intérêts matériels sont placés, sous la surveillance de leurs défenseurs naturels ; les affaires sont traitées par ceux qu'elles touchent de plus près , les questions dé cidées en parfaite connaissance de cause ; de l'autre , les départe mens renaissent à la vie publique : je vois une Charte provinciale, à côté d'une Charte nationale. Le ministère espèrerait-il donner le change au pays en se con tentant de résoudre la moitié de la question? Ne voit-il pas que ce qui importe avant tout, c'est que les conseils municipaux et. départementaux soient composés d'hommes , vrais mandataires de leurs concitoyens? La première chose à faire, n'est-ce pas d'orga niser le pouvoir, sauf ensuite à régler ses attributions? Que le ministère prenne quelques petits arrangemens de famille pour simplifier la besogne. c'est son affaire. Qu'il donne un peu plus, ou un peu moins d'influence à ses agens , cela le regarde. Mais la. question, la grande question de droit public , par qui et comment doivent être élus les membres des eonseils municipaux, reste, entière. C'est là-dessus qu'il faudra s'expliquer, bon gré malgré, La Chambre ne la laissera pas tomber dans l'oubli : il y va de son. honneur. Le ministère a horreur des lois. De notre côté, nous avons peu de goût, il faut l'avouer, pour les ordonnances : aussi nous fait-on un crime de vouloir régler par des lois, même ce qu'il y a de plus mobile au monde, l'administration. Le reproché n'est pas juste : la loi seule peut défaire ce que la loi a fait : l'organisation des conseils municipaux et départementaux est dans ce cas. Mais y eût-il quelque chose de fondé dans ce reproche ; fût-il vrai que nous poussions jusqu'à l'excès le désir de tout réduire en loi, a qui la faute? iii ion se défie de la sincérité des agens du. pouvoir, a qui la faute? Si l'on veut les enchaîner par quelque chose de plus fort qu'une ordonnance , par quelque chose qu'on, ne viole pas impunément, à qui la faute? Pourquoi se sont-ils fait un jeu de laisser voir, en toute occa sion, leur invincible anlipathie pour la Charte? Pourquoi leur mau vaise humeur, lorsque le ministère se ralliait au vœu national, leur allégresse lorsque le ministère s'en détachait? Pourquoi les pays les a-t-il toujours trouvés là, comme un obstacle , comme une gêne à son bonheur et à sa liberté? De quel rôle se sont ils chargés dans les élections? De combien de vexations et de petites tyrannies se sont-ils rendus les instrumens ou les complices ! Etaient-ils donc assez aveugles pour croire que nous souffririons; sans mot dire , sans chercher un remède au mal qui nous dévorait? Cela n'est, pas dans la nature des choses. Oui, si 1 administration se fût renfermée paisiblement dans les. limites de ses devoirs, si l'on eût pris soin de la composer...