Extrait du journal

L'Assemblée Nationale préfère les va cances et l'ajournement des lois constitu tionnelles à la dissolution immédiate. Cette détermination de la majorité était prévue et n'a rien qui puisse étonner. Bien que les esprits se soient depuis quelques se maines préparés à la dissolution, ils ne sont -pas encore prêts à la voter. Comment en serions-nous surpris? Nous ayons été jusqu'à ce jour opposés à la dissolution, et aujourd'hui encore nous la redoutons singulièrement. Un peu plus tôt, un peu plus tard, il faudra pourtant que l'Assemblée prenne son parti de se dissoudre, mais il est certain que le jour où elle le prendra sera pour tous les Français intelligens un jour d'anxiétés et d'an goisses. Lorsque les dés sont jetés en l'air, Dieu sait sur quel côté ils retombent I Aussi rien n'est plus naturel que d'hésiter long temps, le plus longtemps qu'on le peut, à jouer un jeu aussi dangereux. Le moment vient toutefois où il faut se décider. Lorsqu'on a fait son possible pour enlever à la fortune, suivant le mot de Bossuet, ce qu'on lui enlève par conseil et par pré voyance , il faut lui sacrifier le reste et se confier à elle....