Extrait du journal

criptions pour l'Association du vestiaire des pauvres. Tout ce qui la concernait dans les affaires de la paroisse était exécuté d'une façon irréprochable, mais froide comme l'acier et toute machinale. Si elle en faisait plus que le strict nécessaire, c'é tait parce qu'elle respectait infiniment le temps que son mari employait à ses, tra vaux littéraires, et qu'elle se jugeait, ainsi que lui-même, plus apte que lui à se met tre en rapports avec les besoins grossiers et banals des villageois. Quand Annie en tra, elle la trouva assise à l'extrémité d'une longue table, avec un pupitre devant elle et plusieurs livres de comptes. Quinze sous, vingt sous, six sous. Ah ! .c'est vous, Annie Pontin?dit-elle. Asseyez vous et attendez une minute. Et elle continua à se pencher sur ses comptes. C'était une femme âgée avec un grand nez osseux, et des boucles dont la teinte immuable lui inspirait à tort de l'orgueil, car leur couleur brune rendait son vieux vi sage grisâtre encore plus terne et plus dur. Une autre dame était assise dans la fe nêtre, s'agaçant après une machine à cou dre, autant toutefois que le mot « agacer » pouvait être appliqué à une chose qui la concernait, car c'était une grasse et blonde personne qui ne se remuait que tranquille ment. Elle était à la dernière limite de la jeunesse et quelque peu disposée à de venir très grosse. Ses mains, ses lè vres fermes et pleines , son menton, causaient une agréable impression de force physique et morale, aussi différente que possible de la parodie ridicule de vigueur masculine qui est la dernière de nos pré tentions féminines. Annie aurait cru d'a vance que la présence d'un tiers à cette en trevue devait sûrement augmenter son émotion; mais, au contraire, il y avait quelque chose de réconfortant à se sentir regardée par ces yeux bleus clairs et gais....