PRÉCÉDENT

Journal des débats politiques et littéraires, 30 mai 1917

SUIVANT

URL invalide

Journal des débats politiques et littéraires
30 mai 1917


Extrait du journal

Les majoritaires du parti socialiste se sont ralliés à l'opinion des minoritaires et ont acce.pté d'aller avec eux à Stock holm. Ce résultat était à prévoir. Il peut déconcerter le public profane, mais ceux qui ont la pratique des Congrès socialistes n'en ont jamais imaginé d'autre. Il va sans dire que nous n'avons ni conseils ni leçons à donner aux socialistes d'aucune école; nous observons leurs faits et gestes avec l'intérêt patriotique dont les cir constances nous font un devoir, mais en nous gardant d'oublier que le Congrès de Stockholm ne dispose ni de la guerre ni de la paix, que la guerre a commencé sans la . permission des socialistes et que les puissances malfaisantes qui l'ont déchaî née ne les consulteraient pas davantage sur les conditions de la paix s'il dépendait d'elles de les dicter. Il n'est pas inutile peut-être de rappeler à qui de droit ces vérités essentielles encore qu'élémentai res, alors que les appétits fantastiques des pangernianistes, incomparablement plus influents que les socialdémocrates, vrais où faux, s'étalent quotidiennement avec la franchise dédaigneuse permise à des gens qui n'ont rien à cacher parce qu'ils m'ont rien à craindré. Nos socialistes majoritaires d'hier m'ignorent aucun des dangers de la con cession qu'on leur a imposée. Ils les ont dénoncés d'avance avec une louable clair voyance et si leur force de résistance a fféehi ce n'est pas devant les arguments de leurs contradicteurs. Ils ont un peu cédé à la peur de devenir officiellement la minorité et aussi au désir naturel de main tenir, au moins en apparence et pour un temps, l'unité de leur parti. Nous admettrons même bien volontiers qu'ils se sont flattés, en s'associant à une démarche qui se serait faite en tout cas sans eux et en dehors d'eux, de la ren dre moins nocive. Ils ont dû se dire qu'il y aurait avantage à ne pas laisser les naïfs révolutionnaires russes en tête à tête avec les Allemands passés maîtres dans l'art de conduire par le nez les cama rades des autres pays, y compris, dans le passé, les camarades français. Enfin, ils ont obtenu dans la forme et dans le fond certaines satisfactions dont il serait injuste de dire qu'elles ne servent qu'àleur « sauver la face ». Ce n'est plus à une Conférence de Stockholm convoquée irré gulièrement par des hommes de paille du kaiser qu'il s'agit de se rendre. C'est à une Conférence dont les révolutionnaires russes prennent l'initiative et dont ils tra cent le programme sous la forme d'un questionnaire préalable où les questions «ont posées de manière à mettre au pied du mur ceux qui chercheraient à esquiver la nécessité fâcheuse de s'expliquer sny les origines et les responsabilités de la guerre. La question de l'Alsace-Lorraine y figure en bonne place comme celle de la Pologne, et chacun sera bien obligé ainsi de donner son interprétation de la formule ambiguëla paix sans annexions ni in demnités. Tout cela est quelque chose, et nous n'avons aucune raison ni aucun désir d'en diminuer la valeur « éventuelle ». Seule ment, il s'agit de « quelque chose » qui n'est pas encore acquis, de quelque chose qui peut tourner d'une certaine façon, mais aussi tout autrement, tandis que le fait de l'envoi à Stockholm d'une déléga tion a un caractère concret et immédiat. Cette délégation, on ne peut même pas dire qu'elle sera envoyée à la Conférence proposée par les Russes et qu'elle y sera envoyée seulement le jour où ce projet russe aura pris corps : c'est tout de suite qu'elle doit partir, et pour prendre part à des « conférences préparatoires », qui z-essemblent terriblement à celles qui ont déjà commencé et que les majoritaires n'avaient pas tort de dénoncer comme sus pectes et indésirables. Sur ce point, le triomphe des minoritaires n'est pas dou teux et ils ont tenu à le souligner. M. Re naudel a proclamé avec éloquence que les considérations d'amour-propre devaient être comptées pour rien dans les circon stances où nous sommes et où se trouve avec tout le monde le parti socialiste. Rien de plus vrai; mais s'agil-il simplement ici d'uùe affaire d'amour-propre? Le pays n'en...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • j. charles-roux
  • lechartier
  • moutet
  • branting
  • lloyd george
  • j. charlesroux
  • daniel bellet
  • pupin
  • moron
  • france
  • stockholm
  • amérique
  • duino
  • san giovanni
  • ypres
  • allemagne
  • brésil
  • russie
  • berne
  • parti socialiste
  • a. l.
  • parlement
  • parti socialiste français
  • université de poitiers