Extrait du journal

absolument mensongers. Nous n'avons pas à prendre parti entre les belligérants ni même à laisser percer une sympathie pour l'un ou pour l'autre; ils sont nos amis aumêmedegré.«Nous ne pouvons, a dit très justement M. Félix Faure, que formerdes vœux pour que les circonstances offrent à l'action commune des Etats neutres une prompte occasion de s'exercer- utilement au.gré des déùx partis, en faveur du rétablisse ment de la paix, » Si le moment vient où les doux parties se montrent animées du même désir pacifique, et si le concours de l'Europe peut favoriser alors ou hâter entre elles un rap prochement, ce concours, certes, ne leur man- ; quera pas. Il prendra la forme qu'elles préfére ront elles-mêmes. « Nous ne doutons pas que ces sentiments, a dit M. le Président de la Ré publique, ne soient en conformité avec ceux du monde entier. » Il n'y a effectivement aucun motif d'en douter. Mais rien ne serait plus imprudent qu'une initiative prématurée, ou isolée, ou même circonscrite à certaines puis sances. Comme le dit M. Félix Faure, l'action des Etats neutres ne sera efficace que si elle est commune à toutes, et si elle se produit à l'heure opportune. Malheureusement, rien ne permet de croire que nous en soyons encore là. Nos dispositions sont connues; celles des autres puissances ne diffèrent pas des nôtres; il ne peut y avoir à cet égard aucun doute. Mais il faut attendre que les passions qui ont déchaîné la guerre aient atteint leur objet, ou qu'elles aient épuisé leur violence. M. le maire de Saint-Etienne a parlé, comme il fallait s'y attendre, du relèvement de la France au dehors, et de la part qu'y avait prise M. le Président de la République. Ce sont là des faits dont le souvenir reste présent à tous les esprits et à tous les cœurs. M. Félix Faure y a fait allusion à son tour ; mais il n'y a pas montré seulement un motif de contente ment, il en a tiré une leçon. Il a reporté à « l'es prit politique de notre démocratie, au senti ment profond de sa responsabilité » le mérite des changements heureux qui se sont produits dans le monde. Nous voulons croire que notre démocratie mérite tous ces éloges ; toutefois, il lui reste encore quelque chose à faire pour les justifier. « Le droit supérieur qu'elle possède de diriger les destinées de la patrie lui impose, a dit M. Félix Faure, de grands devoirs ; le mien est dé les lui rappeler. » Les comptes rendus marquent, à cet endroit du discours présiden tiel, des applaudissements enthousiastes et una nimes. Quels sont donc les devoirs présents, les plus urgents, les plus impérieux de notre dé mocratie? M. Félix Faure en signale deux. Le premier est de garantir et d'assurer la conti nuité de vues sans laquelle on ne saurait rien édifier de solide et de durable. Le second con siste à accepter des sacrifices militaires indis pensables pour maintenir une paix extérieure digne et forte. Ce sont là, sans nul doute, des devoirs, et des devoirs primordiaux de tout gouvernement ; si notre démocratie se montrait incapable de les remplir, elle se condamnerait elle-même. C'est une partie très considérable de sa tâche. Ce n'est pas la seule ; mais il est vrai de dire qu'il y a là une condition indispcnsablè à tout le reste, c'est-à-dire à tout progrès régulier à l'intérieur. M. le Président de la République a porté un toast à « l'union de tous les Français » en vue du triomphe de cette politique. Elle est assez large, en effet, pour être acceptée de tous, sans tenir compte des cadres inévitablement étroits des partis. C'est une politique vraiment natio nale, nous souhaitons que ce soit cèlle de la Chambre qui se réunit après-demain. F. C....