Extrait du journal

Nous disions hier en parlant des élections de Paris que les changements dans la vie munici pale n'étaient pas très nombreux mais que ceux qui s'étaient accomplis paraissaient tout à fait contraires aux socialistes.- Celte impression première se trouve justifiée par les nouvelles venues de la province. Il est évidemment im possible de procéder à une analyse détaillée des trente six mille scrutins qui ont eu lieu diman che. Dans bien des communes d'ailleurs, les questions de personne, les intérêts locaux tien nent la plus grande place, les étiquettes prises par les candidats n'ont pas toujours le sens exact qu'on leur prête, et à une certaine pro fondeur du suffrage universel, les courants sont lents à se faire sentir. Mais il y a cependant dans l'ensemble de ces élections des scrutins représentatifs de certaines tendances ; il y a de grandes villes où la lutte était clairement en gagée, des campagnes où l'élection a pris une signification nettement politique. C'est ce qui permet, au milieu des contentements contra dictoires qu'expriment les partis les plus di vers, de se faire une opinion. Il y a eu certaine ment dimanche une manifestation de bon sens, «t un effort contre le socialisme. j Le suffrage universel était invité par les so cialistes unifiés et aussi par les radicaux-socia îistes leurs alliés,à compléter les résultats qu'ils purent obtenir par les élections législatives de 1906 : il s'agissait pour eux de préparer ainsi un Sénat très avancé.Ce serait, il est vrai, une question de savoir si la Chambre dans son ensemble est aussi acquise aux prétendues ré formes socialistes que certains le proclament, et peut-être trouverait-on, en étudiant sa con duite, qu'elle est au fond du cœur plus raison nable que ses paroles ou ses promesses ne le laissent croire. En tous cas, il ne paraît pas «u premier tour de scrutin des élections municipales que les électeurs aient manifesté un empressement extraordinaire à nommer des municipalités acquises aux « améliorations » Bociales. Bien au contraire, on voit que les grandes villes qui ont subi la domination socia liste, comme Brest et Dijon, cherchent à s'en dégager, et celles qui ont déjà réussi à s'en libérer comme Roubaix, Marseille, Limoges, continuent de donner leur confiance à des hommes représentant des idées d'ordre, de progrès réfléchi et de liberté. M. Allard, socia liste unifié, proclame ce matin dans la Lanterne que les élections municipales ne prouvent rien, comme si elles n'étaient pas pénétrées de con sidérations politiques. Mais I,Aurore n'étant pas moins avancée que la Lanterne, est un peu plus ministérielle, no déguise pas sa pensée et elle, proclame « l'effondrement des unifiés ». Les radicaux-socialistes paraissent dans ces circonstances un peu embarrassés.lls sont élus en grand nombre, souvent sans doute grâce à des raisons personnelles et parce qu'ils repré sentent en somme un parti qui est près du pou voir. Mais les idées qu'ils empruntaient aux so cialistes et qu'ils soutenaient avec eux reçoi vent un certain coup. L'Aurore ne cache pas que ceux des radicaux-socialistes qui se sont posés «en fermes adversaires du collectivisme ont reçu l'approbation du suffrage universel ». Mais que reste-t-il du radicalisme-socialiste quand on lui enlève les idées socialistes ? Les lois interventionnistes et l'inquisition fiscale sont des emprunts faits par les radicaux-socia listes à leurs voisins de gauche. Et c'est précisé mencl'accroissementdéjà accompli des centimes additionnels, et la perspective de nouveaux ac croissements. qui a déterminé dans nombre de communes le mouvementée défiance contre le socialisme, et le retour à une administration...