Extrait du journal

—Vous avez donc oublié le passé ? Vous devriez cependant le connaître, lui qui, coupable d’un faux et sauvé par vous de la honte, recueilli chez vous, n’en est sorti qu’en y laissant cet opprobre vivant qu’on appelle la Folle des Grèves ! Il avait me nacé, en quittant le château, dont vous lui fermiez les portes, de tirer vengeance de cette injure. Vous l’aviez oublié. Mais il se souvient, lui, el vous tient parole. — Quoi! s’écria le comte révolté par la seule pensée d’une telle bassesse et n’y pouvant ajouter foi, ces misérables calom nies, ce serait sa vengeance ! — Oui, et le moyen d’arriver au but qu’il poursuit... Entre la fortune et lui, il n’y a qu’un obstacle... et cet obstacle, c’est nous ! — Oh ! Marguerite ! Marguerite! s’écria le comte avec douleur, car il était à la fois blessé des soupçons manifestés par sa femme et touché de ses inquiétudes. — Mes craintes m’emportent trop loin peut-être, reprit la comtesse d’un ton plus calme... Cependant, qu’est venu faire à Auray le vicomte de Montailié ? — il est à Auray ? s’écria le comte. — Depuis trois jours. — Mais le malheureux veut donc se faire tuer ! dit M. de Montailié avec une inquiétude visible. Jean Tuai a juré de lui faire expier la séduction de la Folle des Grèves, si jamais il le trouvait sur son chemin, et il n’est pas homme à menacer en vain. — Rassurez-vous, répliqua la comtesse avec ironie. M. le vicomte de Montailié prend ses précautions, et c’est la nuit seulement qu’il vient rôder autour du château... Croyez-moi, Henri, tant d’in dices ne sauraient être trompeurs, et de sérieux dangers nous menacent. Teut, de puis quelque temps, m’est sujet de crainte et de frayeur, et je ne sais, mais j’augure mal de cette prise d'armes si soudaine et...