Extrait du journal

Pour en revenir au point de vue agricole, nous devons noter qu’à la rareté des blés il faut ajouter colle des seigles, qui ont été encore plus mal traités que les blés. Or, le seigle couvre près de 2 millions d’hectares sur le sol français ; une mauvaise récolte de cette céréale est une cause de misère et de disette pour trois millions de familles laborieuses. Il y a là une aggravation qu’un rural ne peut négliger dans le passif de nos ressources alimentaires. Par contre, la culture doit porter à son actif une belle récolte d’orges et d’avoines. L’orge, en particulier, tend à devenir l’émule du blé comme céréale de rente à mesure que la brasserie an glaise en développe la consommation sur une échelle immense. L’an dernier, sur les marchés d’Angers, de l’Ouest et du Centre, les orges se sont enlevées à des prix inespérés ; et si le négoce n’en a pas exporté davantage, ç’a été faute de marchandises. Un honorable délégué de la brasserie anghise, M. Ri chardson, a appelé sur la culture des orges l’attention de la Société des agri culteurs de France ; et l’expérience con firme tous les jours les conseils qu’il a donnés de cultiver sur une grande échel le l’orge Chevallier, comme un produit que la brasserie anglaise payera tou jours bien et qui ne risque point d’ex céder ses demandes. Malheureusement, une partie des or ges destinées à l’exportation dans les années d’abondance devra être retenue, en 1873, dans beaucoup de fermes pour suppléer à la farine de froment. Il n’en reste pas moins un fait avantageux pour la culture française : c’est que nos or ges, achetées aujourd’hui 22 francs le quintal par l’Angleterre, sont une com pensation à la pénurie des blés do rente pour la culture française. Les avoines constituent aussi un pro duit de rente sur lequel la culture fon dait des espérances que le battage n’a pas entièrement justifiées. Néanmoins, cette céréale donnera un excédant qui est à porter à l’actif de la production agricole, comme produit d’exportation. Il reste à connaître les produits du sarrazin, du maïs, des pommes de terre, du millet, des châtaignes, auxiliaires et succé danés du blé dans vingt départements. Il y a quinze jours, la sécheresse persistante dont on se plaignait inspirait de graves inquiétudes sur ces récoltes si impor tantes dans les régions du sud et de l’ouest. Depuis quelques jours la pluie est venue fort à propos humecter le sol, et rendre à ces plantes une vigueur qui semble présager, du moins nous aimons à le croire, une récolte satisfaisante. Puisse ce vœu se réaliser ! nos campa...