Extrait du journal

dernier, le gros de l’orage apaisé, chercha à rallier autour d’un centre commun les débris dispersés du parti monarchique. Ainsi initié aux secrets des deux camps, le vicomte de Montaillé avait su, par d’ha biles trahisons, s’v coûserver une influence égale. Il était bien, dans l’un et dans l’autre, suspect aux gens avisés et clairvoyants, mais de simples soupçons ne pouvaient prévaloir contre des services avérés. Bien des méfaits lui étaient cependant reprochés. On l’accusait, entre autres cho ses, dans le parti royaliste, d’avoir été, si non 1 auteur, du moins l’un des principaux artisans de certaine trame ténébreuse qui avait fait tomber entre les mains des Bleus un des chefs les plus'redoutés delà chouan nerie bretonne. Le reproche paraissait d’autant plus fondé que Brandon, son âme damnée, avait joué, dans ce drame mysté rieux, un rôle assez louche. • Vraie ou fausse, cette accusation était, comme les autres, tombée d’elle-même, faute de preuves. Mais elle peut jusqu’à un cer tain point expliquer la facilité avec laquelle le ministre de la police avait accepté la proposition de Brandon s'offrant à procé der en personne à l’arrestation de Jean Tuai, On doit comprendre aussi que , pour un homme entretenant de pareilles accointances, la découverte du complot et par suite du rôle actif qu’y jouait l’ancien garde-chasse n’avait pas dû présenter de sérieuses difficultés. Brandon avait d’ailleurs, sans le savoir, admirablement servi les intérêts politiques de son maître. Le vicomte, qui lisait à livre ouvert dans les projets des deux par tis, et pressentait dès lors la défaite des royalistes, était en train d’opérer une de ses évolutions les plus délicates et de se î approcher du Directoire, un peu négligé par lui dans ces derniers temps. Le ser vice que Brandon allait rendre à la cause...