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Journal des villes et des campagnes, 6 mai 1884

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Journal des villes et des campagnes
6 mai 1884


Extrait du journal

La liberté de conscience dans l’armée. Un se rappelle les belles promesses faites par le gouvernement quand les aumôniers militaires ont été supprimés. Nos ministres juraient leurs grands dieux que cette mesure n’était nulle ment dictée par un sentiment irréli gieux. Ils verraient toujours, sinon avec joie, du moins avec une indifférence parfaite, les soldats vaquer aux exerci ces que leur foi leur prescrit; non seu lement ils ne leur en interdiraient pas la pratique,ils la leur faciliteraient par tous les moyens qui seraient en leur pou voir. L’armée rentrait dans le droit commun, voilà tout. On sait qu’avec ce droit commun on va bien loin. On nous apprend pourtant que des chasseurs casernes à Courbevoie ont reçu défense d’assister à la messe qui se dit chaque dimanche, à l’intention des militaires, dans l’église SainteCroix. Cette interdiction leur a été no tifiée par leurs officiers, sous peine de huit jours de prison. Nous tenons en même temps d’une autre source que dix soldats du génie ont été arrêtés, comme des malfaiteurs, en sortant de la maison de Notre-Dame-des-Armées, où ils venaient d'assister au salut. Les gradés ont été condamnés à quatre jours de prison, les simples soldats à huit jours de salle de police. Est-ce que ces procédés font partie du droit com mua? Le droit commun exige-t-il, ou simple ment permet-il d’empêcher les citoyens de fréquenter telle église ? Sommesnous à la veille du jour où un avis éma né du ministère désignera les édifices religieux qui seront assignés à telle ou telle classe de citoyens ? En vérité, le grotesque ici le dispute à l’odieux. Quel contraste entre ce qui se passe en France, sous les yeux et avec la sanction du gouvernement et les scènes édifiantes dont Metz a été le théâtre pendant les dernières fêtes pascales !Sept mille soldats catholiques, faisant partie de la garnison de cette ville, devenue prussienne, ont pu remplir leurs de voirs religieux. Quinze prêtres enten daient les confessions. Non seulement les autorités militaires ou civiles n’y trouvaient rien à redire, elles favori saient, au contraire, ces pieuses prati ques. En Allemagne, on considère comme une obligation de remplir les devoirs de la religion que l’on professe. Le soldat a des heures marquées pour les pffices religieux aussi bien que pour les exercées militaires, et le prêtre a son temps de service aussi bien que l’officier. Un soldat qui ne se conforme rait pas, du moins extérieurement, à ce que sa religion lui commande, serait assurément mal noté. Chez nous, c’est tout le contraire, hélas ! Nous nous rappelons, à ce propos, avoir entendu raconter à un brave marin qui avait pris part à la dernière guerre,que toutes les fois qu’il avait eu l’occasion de faire un ennemi prisonnierou de l’enseve lir mort,il avait constamment trouvé sur sa personne ou dans sa dépouille un livre de prières. Jamais cet objet ne faisait défaut; il faisait en quelque sorte partie de l’équipement militaire. N’estce pas là une des raisons pour lesquelles ces hommes-là qui, sous le rapport de la valeur militaire, ne valaient pas les nôtres, ont été toujours vainqueurs ? Léonce di la Rallayk....

À propos

Fondé en 1815, le Journal des villes et des campagnes était une feuille légitimiste et ultramondaine cherchant à satisfaire à la fois une audience urbaine et rurale. Le Journal paraît jusqu’en 1895.

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