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Journal des villes et des campagnes, 8 mai 1884

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Journal des villes et des campagnes
8 mai 1884


Extrait du journal

Le lendemain des élections. Ce n’est pas aujourd’hui que l’on peut porter un jugement définitif sur l’ensemble des élections municipales qui viennent d’avoir lieu sur la surface de toute la France. Les petites commu nes, qui sont de beaucoup les plus nombreuses, échapperont encore long temps à l’analyse. C’est aux feuilles de département ou d’arrondissement qu’il appartiendra de faire ce travail, qui sera long. Cependant, d’ici à quelques jours, il sera possible d’être renseigné sur la physionomie générale. En atten dant, on est obligé de se baser sur des analogies qui peuvent être trompeuses. Aujourd’hui, l’impression générale est qu’il s’est manifesté un certain réveil de l’esprit public. On commence à être las de la situation actuelle, et la ma jeure partie des populations soupire après un changement. A Paris et dans les grandes villes qui donnent habituellement le signal et finissent par rallier l’opinion du reste de la France, ceux qu’on ap pelle les opportunistes, c’est-à-dire les amis du gouvernement, bien qu’ap puyés par tous les efforts de l’adminis tration, ont subi de nombreux échecs. Le fait est d’autant plus significatif qu’une grande partie des électeurs ap partient à la gent moutonnière et se persuade que ce qu’on a de mieux à faire c’est d’obéir au mot d’ordre donné par le pouvoir. Le Français offre en sa personne cette merveilleuse rencontre de qualités qui semblent s’exclure : il est à la fois routinier et révolutionnaire. Il lui faut donc faire un effort sérieux sur lui-même pour se décider à sortir de l’ornière sans tomber dans le déver gondage et l’utopie. Les moindres suc cès des conservateurs méritent donc d’être enregistrés avec soin. La défaite du gouvernement a été sensible à Paris ; les électeurs ont fait une exécution en règle de sa poli tique. Ce résultat paraîtra d’autant plus grave que les hommes du pouvoir qui ne se piquent ni de fierté ni de logi que, avaient accepté pour candidats agréables des individus très malléables, mais qui, pour gagner des voix, pu bliaient des programmes fort radicaux. Ce n’étaient pas des loups se déguisant sous la toison de la brebis, c’étaient des brebis se couvrant de la peau du loup. Eh bien ! ce masque a manqué son effet, et ceux des électeurs ré publicains qui, poussant la logique jusqu’au bout, jugent le gouvernement trop tiède, ont réservé leurs suffrages pour les vrais radicaux de toutes nuan ces, anarchistes, socialistes, collectivis tes, autonomistes, intransigeants ; ils ont dédaigné les faux frères qui, pour se faire accepter par eux, affectaient de prendre un air menaçant. Le radicalisme a donc fait de réels progrès dans Paris. Ainsi que nous le disions dans notre dernier numéro, en exprimant un jugement porté un peu à la hâte, la Commune à peine voilée aura dans le nouveau conseil de plus nom breux représentants que dans 1 ancien. 11 faut convenir que l’armée du désordre serre ses rangs et s’apprête à livrer ba taille. Le gouvernement saura-t-il se défendre ? Nous estimons qu’il ne son gera qu’à capituler, et nous ne serions pas étonné que la mairie centrale, ce premier pas vers l’indépendance abso lue de la cité parisienne, devint bientôt une réalité. L’extrême gauche a-t-elle seule triom phé dimanche dernier ? Non. La droite a aussi une bonne part à revendiquer dans la victoire, une part moins écla tante, moins brutale, mais plus hono rable n’us sérieuse et, nous croyons, plus durable. Quand les conservateurs vont aux urnes, ce qu ils ne font pas, il faut l’avouer, avec assez d’empresse ment, ils y vont par conscience et après avoir réfléchi. Leur choix est le résultat d’une délibération de la volonté, qui ne peut que se fortifier par le temps. Au contraire, l’effervescence po pulaire qui fait sortir du scrutin dos...

À propos

Fondé en 1815, le Journal des villes et des campagnes était une feuille légitimiste et ultramondaine cherchant à satisfaire à la fois une audience urbaine et rurale. Le Journal paraît jusqu’en 1895.

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