Extrait du journal

L’étonnement de Douce redoubla, mais cette fois elle ressentit un étonnement joyeux. Si Madeleine venait à Closay, c’est que Louis avait parlé, et que le mariage de Douce avec Marcel était chose conve nue! Et Douce aimait si grandement Mar cel au fond de son âme qu’elle chérissait profondément celle qui allait devenir sa sœur. Elle se jeta au cou de son amie et l’em brassa avec effusion. — Parle, Madeleine, dis moi quelles nouvelles tu m’apportes. Cette question fit tressaillir la fille de Claude. — Des nouvelles ! murmura-t-elle, tu demandes des nouvelles ? — Sœur, je les demande, et cependant je les devine... Mon père a vu Marcel et Trézek, n’est-ce pas ? — Il les a vus, répéta machinalement Madeleine. — Et je vais devenir l’heureuse femme de Marcel ? — Toi 1 toi, pauvre Douce ! Ah ! ce malheur me manquait. Tu aimes mon frère ! — Oui, je l’aime ! dit bravement la fille de Louis. — Vous êtes sœurs, et vous resterez sœurs, dit Musaraigne d’une voix sombre. Mais, Douce, tu u’as point regardé jus qu’au fond des yeux rouiis de Madeleine. Tu n’as pas senti trembler ses mains pen dant que tu les pressais. Oui, vous êtes liées; liées par la Innte et la douleur, par le désespoir et le s larmes... — Je ne comprends pas vos paroles, dit Douce, mais elles me glacent d’épouvante. Qu’est-il arrivé ? Une douleur, une honte, une vengeance.... Que signifient ces mots terribles ? Mais, oui, Madeleine a pleuré... Elle pleure encore... Il est ar rivé malheur à mon père... — Pauvre orpheline 1 murmura la vieille femme. Douce saisit le bras de Musaraigne. — Oh non ! pas la mort, dit-elle. Quoi !...