Extrait du journal

gue la pauvreté rougissant d’eîle-même et redoutant à un égal degré le mépris et la pitié. Elle perçait jusque dans son costume, dont une propreté scrupuleuse dissimulait mal la vétusté et les formes étriquées et passées de mode. Lorsqu’il entra, Marianne était allée re prendre sa place première sous l'étroite lucarne ; elle leva aussitôt sur lui un regard' empreint d’une inquiétude trop bien justifiée d’ailleurs, car les traits con tractes de Philippe trahissaient une an goisse profonde et ses yeux rougis et gon flés étaient encore humides de larmes récemment versées. Mais à la vue de Marianne, ses traits sa détendirent, un éclair traversa son re gard, illuminant du reflet d’une joie pas sagère son visage attristé, et il s’avança vivement vers la jeune tille. — Vous avez attendu mon retour, Ma rianne, dit-il. Je ne saurais trop vous en remercier. Je n’avais pas osé vous le de mander; mais ma mère est si faible depuis quelque temps que je tremble toujours quand je suis obligé de la laisser seule. Elle s’est couchée ? — Elle dort, répondit Marianne, et il faut respecter son sommeil. Ses moments de repos sont si rares... Mais qu’avezvous, Philippe? ajouta-t-elle après une courte hésitation. Vous paraissez bien triste. Vous n’avez pas appris de mauvaises nouvelles ? Philippe baissa la tête. — Je viens de voir notre médecin, dit-il en étouffant un sanglot. — Ah! fit Marianne toute pâle. Et que vous a-t-il dit? — 11 ne m’a rien caché, Marianne, et mes craintes n’étaient que trop fondées. Ma mère n’a plus que quelques jours à vivre, quelques instants peut-être. En même temps, des larmes s’échappè rent de ses yeux et roulèrent lentement i J...