Extrait du journal

Les ouvriers lyonnais ET LES QUESTIONS SOCIALES moisit MB AHT1CLB ('J. Nous avons étudié les différents rap ports rédigés par les délégués de chaque corporation ouvrière de Lyon : le rapI»ort général qui émane d’une commission de rédaction, choisie par l’ensemble des délégués lyonnais, mérite une attention spéciale. i Los nombreuses questions soulevées dans ce document se rattachent toutes aux relations du capital et du travail, et, elles peuvent se ramener à deux ordres d’idées : 1* quels sont les moyens d’a méliorer la condition actuelle des ou vriers et de faire passer outre leurs mains les instruments du travail ? 2° quels sont les rapports des ouvriers avec les classes « dites supérieures » ? Peu vent-ils compter sur l’appui de ces clas ses, ou doivent-ils poursuivre seuls leur propre émancipation ? — Voyons com ment les délégués lyonnais traitent ces deux questions, dont il est inutile de faire ressortir l’importance. Les moyens indiqués par les auteurs du Rapport social, comme susceptibles d’améliorer la condition -des ouvriers, ne sont pas nouveaux : si l’on excepte un vœu qu’ils forment en faveur de l'organisation du crédit national par la Banque de France, vœu rédigé en termes fort obscurs et qui parait tendre à la suppression des actions de la Banque, les réformes réclamées par eux, telles que le développement de l’instruction, la liberté de réunion et d’association, la formation, dans chaque corps de mé tier, de chambres syndicales ouvrières, l’extension des sociétés coopératives, etc., sont déjà bien connues de tous ceux que préoccupe, à l’heure présente, la question du travail : notre journal a sou vent parlé de ces sujets ; il n’a pas craint de défendre les réformes qui, sans compromettre l’ordre public, pouvaient améliorer le sort des classes laborieuses; mais il n’a jamais oublié que ces réfor mes n’amèneraient pour l’ouvrier un sé rieux accroissement de bonheur et de bien-être que si le progrès moral et religieux coïncidait avec le dévelop pement de la richesse et de l'instruc tion. — Il serait trop long de revenir sur chacun des vœux des délégués lyon nais ; bornons-nous à une observation relative à l’instruction du peuple. L’enseignement que réclament les auteurs du rapport est « l’enseignement laïque » ; ils ne pouvaient manquer d’obéir, sur ce point, au mot d’ordre donné par les meneurs de la démago gie. Ne cherchons pas, du reste, à sa voir ce qu’ils entendent par ce mot « laïque », devenu bien peu clair, et si, en bannissant toute instruction reli gieuse des écoles publiques, ils con sentent au moins a laisser aux parti sans de l’enseignement religieux le droit d’ouvrir des écoles libres ; le rapport n’en dit rien : il se borne à affirmer, après le Siècle et la République française, « que l’instruction doit être basée sur » la science et non sur de vains préju» gés, et qu’il faut affranchir l’école de (') Voir le Journal des Villes et Campagnes du 5 et 11 septembre....