Extrait du journal

ans, à la chevelure brune, au teint luxuriant, à l’œil vif et noir. Tous deux se disposaient à accompagner le curé citez Antoine Blaisois, le garde champêtre de la'commune, vieux soldat retraité qui, deux jours avant, avait été dangereusement blessé dans une ren contre avec un parti de Cosaques. Le sacristain venait d’endosser son surplis, Blaisois avait revêtu son aube et coiffé sa calotte empourprée, lorsque le curé arriva et prit les saintes huiles. Ou se mit en marche, le sacristain en tête, portant sa lourde croix de cuivre argenté, l’enfant de chœur ensuite, armé d’une sonnette qu'il agitait de temps en temps, pour inviter les passants au recueillement ; puis le curé, beau vieillard d'une physionomie fraîche et ouverte, d’une taille élevée et d’une allure énergi que et digne. Les passants auxquels s’adressait la sonnette de Lu cien étaient rares ; car les habitants de Marchais avaient été éveillés, ce jour-là, au bruit du canon, qui semblait se rapprocher à chaque instant. Tous les hommes en état de porter les armes s’étaient réu nis en avant du village, et les femmes, les enfants, les vieillards, se tenaient renfermés dans l’attente anxieuse de ce qui allait se passer, Une partie de l'ar mée française avait pris position près de Marchais, et Von savait que les alliés s’avançaient du côté opposé. — Blaisois, dit le curé à l’enfant de chœur, qui, de temps en temps, marchait sur les talons du sacristain, tu vas trop vite, mon enfant. — Dam, Monsieur le curé, c’est que je n’ai pas en core déjeôné... avec ça que ma mère cuit aujourd'hui, et qu’elle m’a promis une miche au beurre. En ce moment, le bruit du canon, qui se rapprochait de plus en plus, devint terrible ; les coups se succé...