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Journal des villes et des campagnes, 21 novembre 1871

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Journal des villes et des campagnes
21 novembre 1871


Extrait du journal

C est peine perdue, paraît-il, de par ier raison aux passions politiques. Leur fureur ne respecte rien, rien : pas même ce qu il y a au monde de plus respecta ble, de plus sacré : ni l’âme des enfants, ni le souvenir des morts, ni le temple où Ion prie Dieu. Tout est bon, tout sert, tout devient une arme, un moyen d’action ou un champ de eombat.On vou drait qu’il y eût au-dessus et en dehors de nos luttes de partis, de nos querelles politiques si amères, des lieux calmes, réservés, neutres en quelque sorte, et défendus contre les entreprises des am bitions par un accord tacite de respect. \ain désir ! Les âmes de nos enfants, oes images si délicates et si pures de Dieu lui-même, nos jacobins les récla ment et se les disputent comme une proie. Ils veulent, les insensés, au risque de briser et de ternir ce qu’il y a de frêle et de pur dans l’enfant, le façonner selon leur idéal; ils veulent dans ces esprits, dont la simplicité ho nore la foi. verser le poison de leurs dé cevantes passions et de leurs doutes malsains. Le bon sens devrait crier à tous que l’essentiel est de relever chez nous la vie de famille si fort ébranlée, d’ap prendre aux enfants le respect de la règle et de l’autorité sous toutes ses formes les plus hautes. Non ; il faut que les pauvres, innocents soient matière d'expérience comme des urnes viles. Ou dirait que nous sommes malades faute d'une génération suffisante de ré volutionnaires et d’incrédules, et qu’il y a chez nous un trop-plein de foi, de notions morales ou religieuses qu'il im porte de tarir ou de ne pas laisser re nouveler. L’enfance est chose sainte et digne de respect plus encore peut-être que la vieillesse. L’une est le passé ; l’autre l’avenir, l’espoir, l'étoffe même de la patrie future. L’est un sacrilège de la traîner et de la déchirer parmi nos dis putes. Comprend-on. que sérieusement on se demande entre honnêtes gens si l’école de l’enfance sera ou non athée? L'école laïque n’a pas de sens si ce n’est l’école athée. Or, l’éducation reli gieuse est aussi nécessaire à l’enfant que le lait au nourrisson. Quelle folie d’oposer ici la science à la révélation ! but. est révélation au même degré pour l’enfant. Et le respect des morts, nos novateurs politiques en font-üs profession ? Les tombes sont pour eux des tribunes aux harangues. Ils ramassent des gros sous non pour rendre hommage à la mémoire de ceux qui ne sont plus et qui ont bien mérité du pays, mais pour dresser quelque nouveau tréteau de déclamations furieuses. On sait ce qu'ils ont fait de Baudin : son ombre a été réveillée pour une bataille civile. Les champs sacrés, comme ou les appelle en Italie, sont des champs de foire où l’on se donne ren dez-vous pour manifester. Les couronnes d'immortelles servent de drapeaux. Là où dorment les âmes regrettées, où doit régner la paix éternelle, où toutes les divisions finissent et s’éteignent les disputes, on fomente la guerre, on ai guise les vengeances, on échange des paroles de colère et des serments de...

À propos

Fondé en 1815, le Journal des villes et des campagnes était une feuille légitimiste et ultramondaine cherchant à satisfaire à la fois une audience urbaine et rurale. Le Journal paraît jusqu’en 1895.

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