Extrait du journal

et lui demanda brusquement : — Vous voulez me parler ? Qui êtesvous? — C’est comme cela qu’on aborde un ami t s’écria le vagabond avec un gros rire, ah 1 Basile, la fortune t’a gâté... — Je ne vous connais pas,... dit l’auber giste. Le vagabond ôta rapidement l’emplâtre qui lui cachait la moitié du visage. Basile recula comme s’il eût aperçu un spectre. — Vous ici ! dit-il, vous ici ? — Allons, une poignée de main, s’écria le vagabond, et répète à ta femme que je ne mentais point en assurant que nous nous connaissons de vieille date, et que tu serais aussi surpris qu'enchanté de me voir. — Surpris... enchanté... balbutia Basile. — J’ai demandé à dîner, tu dois avoir faim; si je t’invitais... chez toi, dans ton auberge, ce serait drôle... Nous avons à causer, si tu as quelque pièce réservée aux intimes. Basile entraîna le vagabond. Pendant que Marcotte préparara la table, les deux hommes n’échangèrent pas un mot. Lorsque tout fut prêt, Basile renvoya la servante, poussa le verrou, et laissant éclater sa colère : — Que viens-tu faire ici? demanda-t-il. — Mon Dieu, c’est bien simple, j’avais envie de te voir... Je te suis attaché plus que je ne le pensais moi-même... Le mal du pays m’a pris... je me suis dit : — Allons serrer la main d’un ami, et lui rappeler les bonnes heures passées dans son cabaret. — Enfin ! dit Basile, l’imprudence est commise, il s’agit de la réparer. Nous dîne rons ensemble, et demain, avant le jour, tu me diras adieu. — Demain 1 comment, tu souffrirais que que je te quitte demain ? Tu crois que...