Extrait du journal

La statue de Béranger. Certaines feuilles de gauche ont fait, ces jours-ci, grand bruit de réclame au tour d’une fête qu’on a dû donner samedi au Trocadéro. En voici l’objet : Il y a quelque cinq ans, un comité avait été formé et une souscription provoquée pour élever une statue à Béranger. Vainement M. Spuller avaitil accepté la présidence de ce co mité; vainement, suivant la coutume fort économique de nos démocrates, avait-on puisé dans la bourse des con tribuables et obtenu des subventions de l’Etat et de la ville de Paris ;Y la souscription ne marchait pas. M. Coquelin aîné, qui a pris cette af faire sous son haut patronage, a eu « la très heureuse pensée », nous dit la République française, « de donner des conférences sur Béranger et d’or ganiser au Trocadéro une fête dans la quelle les meilleurs artistes de Paris de vaient chanter et dire les refrains les plus célèbres du poète ». Afin de mieux attirer le public et de faire plus grosse recette, l’austère République française in sistait sur ce qu’il y aurait « d’attrayant » * entendre d’excellents comédiens détailler ces chansons ...parfois égril» lardes ». Et M. Sarcey, qui battait aussi la grosse caisse autour du tréteau de M. Coquelin, s’attachait également à mettre en lumière et à célébrer tout ce qu’il y avait « d’égrillard » dans l’œuvre du chansonnier. N’ayant pas assisté à la fête, nous ignorons jusqu’à quel point les espérances éveillées par cette partie du pro gramme auront pu être satisfaites. Béranger offrait sous ce rapport beau coup de ressources ; son œuvre est en effet par bien des côtés « égrillarde » et même, pour parler comme il le faisait lui-même, « polissonne ». Ce n’était pas, chez lui, légèreté de jeunesse et araeur de plaisir, mais plutôt raffinement de li...