Extrait du journal
vrai de dire que telle est la cause des piteux résultats obtenus jusqu’ici par la loi Camille Sée. D’une part, l’internat gratuit devant coûter fort cher et l’Etat ne s’engageant pas à en faire la dépense, les municipali tés ne se sont pas aisément décidées à en créer. On n’en compte que dix-sept. D’autre part, les externats ne présen tant presque aucune chance de réussir, on n’a pas jugé utile d’en établir un grand nombre. On n’en compte que douze. Enfin, l’internat seul présentant des avantages matériels appréciables, c’est à lui que les familles se sont le plus souvent résignées, lorsqu’elles ont dû se résigner, soit à se séparer de leurs filles, soit à les retirer du couvent où elles étaient placées. Les externats végètent avec ùn cadre de professeurs considérable et un personnel d’élèves extrêmement restreint. Les internats, sans être florissants, sont cependant dans une situation un peu moins mau vaise. La loi nouvelle a donc des consé quences véritablement imprévues. A la Chambre, une majorité immense l’u nanimité, moins onze voix — avait con sidéré la création des internats comme une innovation fâcheuse, dangereuse et avait décidé que l’Etat n’en ferait pas l’expérience à son compte; il lui avait paru bon, au contraire, d’encourager les externats officiels, et les lycées de filles ne devaient, en principe, recevoir que des externes. Les faits sont venus dé jouer tous ces calculs de prudence. Les externats, inoffensifs, disait-on, sont morts ou ne sont pas nés ; les inter nats, en dépit des périls qu’ils pré sentent et des reproches qui ne leur sont pas épargnés, même lors qu’il s'agit de garçons, ont une ap parence de prospérité. Nous compre nons les récriminations de M. Camille Sée et de ses amis. L’un d’eux, le ré dacteur de l’article de la Revue que nous avons sous les yeux, va cependant bien loin peut-être, lorsqu’il s’écrie : « Oui, l’internat est un mal, mais est-ce un mal pire que l’ignorance où l’on a tenu jusqu’à présent les jeunes filles ? » Il reste assez de bons couvents, assez d’institutrices instruites et chrétiennes tout à la fois, assez de congrégations dévouées à l’éducation des pauvres ou des riches, assez de mères de famille soucieuses de leurs devoirs et capables de les remplir pour que nous puissions nous dispenser d’enfermer nos filles dans un lycée suspect, tout en leur donnant l’instruction à laquelle elles ont droit....
À propos
Fondé en 1815, le Journal des villes et des campagnes était une feuille légitimiste et ultramondaine cherchant à satisfaire à la fois une audience urbaine et rurale. Le Journal paraît jusqu’en 1895.
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