Extrait du journal

CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE DU JOURNAL DU COMMERCE. Paris, 19 avril ici. Monsieur, Enfin Paris est de nouveau tranquille après avoir été un peu agite pendant trois jours par une populace soldée. Il paraît maintenant certain que ces derniers troubles n'ont été que le résultat du manège d’un spéculateur bien connu par ses friponneries innombrables , pour faire baisser la rente et obtenir ainsi l’emprunt de 120 millions à bas prix; mais en tous cas, soit qu’il se soit aperçu que ses efforts n’aboutissaient à rien, soit qu’on doive la cessation de toute commute 11 populaire à la fermeté qu’ont su déployer les autorités en mettant la ville sur un appareil imposant de forces militaires, il n’en est pas moins vrai qu’elle est revenue à son calme habituel. Et même cette tentative dirigée contre la confiance publique ne semble pas avoir porté atteinte au commerce comme il est arrivé en décembre et en février, et la raison en est évidente : D'abord l’autorité dès le principe a su rassurer tous les esprits timides par sa vigueur, et , eu outre , chacun se demandait sur quelles bases étaient fondés les motifs de ces désordres ; ce n’était pas comme en décembre, l’émotion produite par des hommes qui avaient tant de droits à la haine publique et qu’on laissait impunis; ce n’était pas comme en février l’indignation causée par l’effronterie et l'impudeur de quelques prêtres éhontés qui pouvaient être alléguées comme motifs de pareils troubles ; rien ne motivait celte fois une effervescence populaire puisque les partisans de la république avaient vu leurs amis triompher ; ainsi ce ne pouvait donc être attribué qu’à l’infernale spéculation de quelque capitaliste qui se jouait du repos de la France pour gagner quelques millions. Aussi ces idées qui surgirent du milieu de ces troubles rassurèrent beaucoup les esprits, ce qui fait qu’on espère que le commerce se remettra sans peine de cette légère secousse. T. R....