Extrait du journal

Il y a deux sortes de vie chère. Celle qui se rapporte aux choses de première nécessité comme le lait, le pain, la viande, les œufs, etc. Et uneautrequia traità la satisfaction de notre gourmandise ou de nos plaisirs. Nous mesurons par des fractions de centime les augmentations qui grèvent la première et, si minimes que soient ces augmentations, si légitimes qu'elles puissent être, nos protestations montent jusqu’aux pouvoirs publics, qui se croient obligés d'en paraître émus. S’agit-il de la seconde forme de la vie chère, nos idées d’économie domestique font place à un heureux esprit d’opti misme. C’est pourquoi les joyeuses fêtes de Noël et du Jour de l’An n’auraient ja mais laissé supposer que nous traversons une crise aiguë : on se disputait, à Paris, pour réveillonner', des repas à cinquante francs par tète ; le moindre théâtre se respectanine disposait plus que de mau vais strapontins à quinze francs, le reste à l’avenant. Alors, il m’est venu cette idée que, pour exploiter le peuple sans le faire crier, les malins avisés font mieux de s’adresser à ses passions qu’à ses besoins....