Extrait du journal

I.a plus grande partie de ces quelques lignes ne sera pas de moi. Je ne suis, ici. qu’une boîte aux lettres. Car ce qui va suivre me vient d'une amie d’enfance — sans doute la seule femme qui ne peut me cacher son âge : elle est née le même jour que moi ! Ce mauvais tour du destin ne l’empêche pas d’être supérieurement intelligente, douée du plus rare bon sens — et Française au suprême degré. La preuve 7 Son mari possédait une propriété dans les provinces de l’Est que la France n’a recouvrées que par notre victoire de la guerre précédente Tant que les Allemands furent « là », le couple n’y voulut jamais retourner. Dès qu'ils en furent chassés, il se dit : n Maintenant, allons-y et restons-y. Nos compatriotes retrouvés ont besoin de voir des Français de France. De plus, il y demeure encore des Alle mands qui ne veulent pas démarrer ; il faut rétablir l’équilibre ! » Donc, abandonnant Paris, où ils avaient toute leur famille, tous leurs amis, le mari et la femme revinrent s’é tablir dans leur village originaire. Et c’est cette femme qui m’écrit aujour d'hui : « J'ai la radio. Je prends assez sou vent le traître de Stuttgart. Dans la ré gion parisienne, on le brouille avec suc cès. Mais ici le « brouillage » est très atténué. Du reste, quand par hasard il l'est, il n’y a qu’à le prendre sur Sarrebrück, d’où on l’entend très bien. « Donc, plutôt que de le brouiller, il vaudrait mieux le réfuter. Il fait beau coup de mal, non à des gens comme nous, qui savons, pesons, réfléchissons, mais à des ouvriers, à des paysans. Je le vois bien autour de moi, et il me semble que je devais vous le dire. Quand ce Ferdonnet dit que les objets engagés au Mont-de-Piété sont rachetés à vil prix par n’importe qui ; quand il plaint ceux qui sont au front, ou leurs femmes, de n’avoir pu rien dégager par manque d’argent, ou parce que leur pauvre avoir a été enlevé par des juifs ou des embusqués, l’effet est déplora ble ; ce mensonge pénètre et reste dans les esprits. n Je ne vous parle pas de l'idée de faire parler des prisonniers français, ou soi disant tels : c’est diabolique, sous couleur d’humanité, et très dangereux. Mais cela, on ne peut l’empêcher. « Tandis que, si aux informations qui suivent leur émission (je ne dis pas toutes, mais une au moins par soirée) si on répondait à ces mensonges pour les réfuter, je suis sûre que ce serait une besogne très utile — en mettant les points sur les f....