Extrait du journal
Les « Zyromski-la-guerre » ont eu tort à Royan, où l’a finalement emporté la sagesse, dont la crainte est si souvent le commencement. C’est que la tempête souffle dur. Oh ! pas seulement sur le Parti. En temps ordinaire, on aurait eu d’ailleurs vite fait de restaurer son unité contre quelqu’un et, de préférence, contre le gouvernement. C’aurait été un jeu facile pour les stratèges avisés qui mènent le parti socialiste de trouver entre Marceau Pivert et L’Heveder un terrain d’attaque où marcher tous ensemble au coude à coude. Mais la tempête souffle sur les frontières et sur les mers françaises. Ce serait un autre jeu bien facile d’opposer aux discours de Royan, où la prudence et le désenchantement s’harmonisent si bien, les paroles enflammées du temps où les assises gouvernementales « front populaire » se tenaient au Vél’ d’Hiv’. Alors, on semait allègrement le tient ! Maintenant, la tempête est là ; ainsi le veut la règle éternelle. Certes, elle a soufflé sur les semeurs de vent. Le « front populaire » est à terre, et aucun de ses tenants n’ose lui crier : lève-toi et marche. Mais la tempête squffle sur la France entière, qui doit vivre sous la menace d’un conflit et sent l’humiliation — le mot est de M. Daladier — de son état intérieur. Rien n’y est en place pour un - conflit possible : ni un gouvernement fort ; celui qui nous mène, on l’a bien vu à Royan, est toléré •plutôt que suivi,- • • | : ni un commandement su prême ; celui qui est en gesta tion depuis les décrets de jan vier 1938 s’installe avec quel que difficulté, : ni une production d’armes qui réponde aux risques que nous courons. Cependant, les Français sem blent plus préoccupés de se diviser à propos de l’Espagne \ que de s’unir à propos de la i France. Allons-nous continuer à vivre ainsi, dangereuse ment, en traînant avec nous la dépouille du front populaire, de cette formation politique de division et de combat, qui continue, morte, les I ravages qu’elle a faits vivante ? | Les radicaux sont au pouvoir, I et dans une heure si périlleuse\ que personne ne cherche à le, leur disputer. Vont-ils vouloir: tenter autre chose, essayer de grouper les Français autour de la politique extérieure nouvelle qu’ils mettent au point au contact d’événements dange- : reux ? ! Les Français sont d’accord; pour se remettre au travail. Ce qui est acquis socialement est acquis définitivément. Certes, il ÿ a là amplement matière à se disputer encore, mais ne peut.on renvoyer ces disputes à des jours moins critiques ? L’occasion existe de mettre au monde une formation poli tique de concentration qui, au lieu de ranger les Français en bataille les uns contre les autres, des deux côtés d’un fossé, les agglomérerait, par cercles concentriques, autour d’un noyau central, français cent pour cent, ardemment patriote et social. L’occasion sera-t-elle perdue ? Prenons garde ! La paix peut l’être du même coup....
À propos
Fondé en 1880 par Eugène Mayer, L’Intransigeant était un quotidien de tendance socialiste. Ce qui ne l’empêcha pas, lors de l’affaire Dreyfus, de se laisser aller à un antisémitisme farouche.
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