Extrait du journal

Car il est remarquable que la cynique insolence de son débit, son assurance railleuse, qui, au début de cette guerre, a tant frappé les auditeurs français, ont été cassées net du jour où Jean Giraudoux l'a démasqué à la radio et marqué comme au fer rouge. Le lendemain, toute la presse de France publiait son nom, et le misérable est resté comme étouffé par la vague de mépris qui, alors, déferla sur lui. On le sent écrasé sous sa double et affreuse tache recherche des mensonges nuisibles à sa patrie, présentation de ces mensonges. Certains trahissent une fois, et cela suffit à leur déshonneur: mais trahir chaque jour exige une force volontaire qui, pour être appliquée au mal, reste cependant une force. Cette force-là, le misérable individu que Goebbels a ramassé pour parler à ta France, en est même dépourvu. Il n'y a que des peurs à emplir ce qu'il faut bien appe1er cette âme, à l'emplir et à s'y heurter peur du camp de con- centration qui l'attend, du revolver nazi qui le menace s'il continue à si mal trahir, à se faire vomir par l'opinion française et fustiger par les neutres; peur du chdtiment français qui l'atteindra de façon inéluctable si, chose improbable, ses maitres de l'heure ne l'ont pas supprimé auparavant. Ce sont ces peurs qui le rendent, depuis quelques semaines, mauvais, à tel point qu'on l'écoute enfin avec plaisir, le plaisir de sentir son angoisse buter dans les mots, de constater que son trouble ne découvre plus que des ragots imbéciles au lieu des perfidies adroites qu'il nous détaillait si allègrement autrefois, quand il était anonyme Ce trattre, après la France, trahit, sans le vouloir, mais d'autant plus sûrement, l'Allemagne....