Extrait du journal
La séance de samedi a donné à réfléchir aux membres de la majorité. Ces honnêtes gens s’étaient habitués à la douce quiétude et à la sécurité qui sont le lot des Chambres gouvernementales et domestiquées : tels, des canards dans une mare aux eaux grasses, dormnnt la tête sous l’aile, au bon soleil, re pus, satisfaits, heureux. M. Clémenceau sur vint, qui jeta une pierre dans ce lac tran quille et fit pousser de s cris de terreur à toute la troupe. M. Emmanuel Arène, qui se distingue de la majorité en ce sens qu’il a de l'esprit, synthétise tous ces glousse ments dans le Matin d’aujourd’hui. Ses explications peuvent se résumer à cette double conclusion : M. Clémenceau a eu tort de rompre le parti ministériel et il est impossible de rien faire avec la Chambre actuelle, ou, en d’autres termes, il faut que M. Carnot et le Sénat en prononcent la dis solution. Voilà pourquoi M. Emmanuel Arène intitule son article ; Solution. Cette solution, ou plutôt cette dissolution, n'est pas faite pour nous déplaire. La Chambre, issue du scrutin de 1889 est, avant tout, composée d’ignorants. Jam iis niveau d'assemblée législative ne fut si bas. On a été étonné, d’un bout à l’autre de la presse i de voir nos députés laisser passer sans criti pie, sans discussion et sans débat, trois énormes budgets en une seule séance. La raison de ce silence est tout à fait banale : si les députés n’ont rien dit, c'est qu’ils ne savaient quoi dire. Nous avons eu, dans des légis atures précédentes, des bavards qui parlaient des heures entières pour ne rien dire. Aujourd'hui leurs successeurs ne savent même plus être bavards. Ils sont in capables de prononcer mémo des discours imbéciles : leur sottise est muette. L’opposition — qui est l’élément le plus nécessaire aux gouvernements parlemen taires — n’existe plus, parce qu’elle ne peut plus exister. La droite a perdu tout espoir, c’est-à-dire tout courage, et n’a même plus de programme ; la gauche socialiste a porté son champ d’action dans les centres ouvriers hors du parlement, en attendant que l’heure propice soit venue de manifester l’existence et la puissance du quatrième Etat à la tri bune ; quant au radicalisme, quant à l’Extrômc-gauche.ce sont des choses surannées, pour ne pas dire mortes....
À propos
Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.
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