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La Cocarde, 2 septembre 1889

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La Cocarde
2 septembre 1889


Extrait du journal

« — Mais c’est une immonde canaille! » clama Carnot. « — Précisément, c’est l’homme qu’il vous faut pour mener les élections. » Et la conversation continua. Et elle se termina par un décret du Jour nal officiel annonçant le second règne de Constans. C’est ainsi que le chevalier de Barcelone a fait, au mois de septembre dernier, sa rentrée triomphale en son palais de la place Beauvau. C’est ainsi qu’aujourd’hui son passé ap partient à tous et... à Triboulet. Portrait de Constans, actuellement associé de Carnot Au physique, un cabotin, non pas un cabotin glabre et gourmé, comme son agent Q. de Beaurepaire, mais un cabotin du Mi di, noir, sale, bavard, gesticulant, ca pable de chanter haut et de faire chantac ferme. Au moral : tout ce qu’il y a de plus im moral ; un être sans foi ni loi, capable de tout pour le mal, de rien pour le bien, un forban, mais pas un courageux forban de grand chemin, un simple forban de bar rière. Beaucoup de ruse ; pas d’audace. Beaucoup d’arrogance, aucun orgueil. Beaucoup de vanité, nulle ambition. Par-dessus tout, une grande soif de lucre une soif de chameau qui a traversé maints déserts. La ligure n’est pas intéressante, mais elle est curieuse ; cet homme aux yeux fuyants, au teint hâve, aux jambes grêles, est bien l’homme de la République de trottoir qui déshonore le pays de France. Constans débute Ses débus furent pénibles. Longtemps, par les grands chemins de la vie, Constans a cherché sa route. Le fumier l’attira toujours, mais il ne trouva la République qu’assez tard. En 1861, il débute à Toulouse. Il est avocat ou plutôt il cesse de l’être, par la volonté de M. le procureur général Gastambide, qui le chasse honteusement du parquet. Les mains de M. Constans n’étaient pas restées vierges dans une affaire Gravidon : excitation de mineures à la débauche. Remarquez en passant combien ces inci dents de morale sont d’heureux présage au début d’une carrière politique : Constans au Capitole, Rouvier au Palais-Royal en sont les preuves brillantes. Après son juvénile exploit, Constans trouva trop petite la ville de ses débuts. Il passa les monts et s’en fut à Barcelone prouver qu’il maniait mieux la lance à long jet que l’arme de la parole. Constans, industriel Sous le nom de don Ernesto Constans y Galtié, il s’est associé avec un certain Cousinet, marchand de charbon anglais, qui a été condamné à huit mois de réclusion pour banqueroute frauduleuse et escroque rie, par le tribunal de Barcelone. Cette association, conclue à la porte d’un cachot, ne fut pas heureuse. Les dettes n’en étaient pas encore éteintes en 1876. Pen dant la période électorale, un négociant en charbons de Newcastle (Angleterre) trans mit à un banquier de Toulouse un effet de 3,500 francs tiré sur Constans et relatif aux opérations de la Société Cousinet, lequel effet est demeuré impayé jusqu’en 1880....

À propos

Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.

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