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La Cocarde, 6 avril 1889

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La Cocarde
6 avril 1889


Extrait du journal

Après une séance qui n’a pas duré moins de sept heures et qui rappelle les plus mauvais jours de la Conven tion, la Chambre, comme il fallait s’y attendre, a autorisé des poursuites contre M. le général Boulanger. L’ignoble Thévenet, cette honte qui déshonore la magistrature française, n’a même pas eu le triste courage de monter à la tribune pour lire le roman rédigé sous son inspiration par ce ma gistrat complaisant qui s’appelle M. Q. de Beaurepaire. Le papier qui porte le nom de ré quisitoire et qui, comme on l’a dit hier à la tribune, n’est qu’un tissu d’infamies et de mensonges, a été lu à voix basse par ce pauvre Méline, tout honteux d’avoir à remplir une aussi vilaine besogne. Lorsqu’il a fallu discuter, dans les bureaux d’abord, devant la Chambre ensuite, on peut hardiment affirmer que cinquante députés ne connais saient pas le document sur lequel ils étaient appelés à statuer. Mais il fal lait aller vite et en finir à tout prix le soir même. — On y est arrivé î L’un des membres de la commission chargée d’examiner la demande en autorisation de poursuites, M. Dupuy, de l’Aisne, a, d’ailleurs, admirable ment résumé la pensée qui anime tous les chacals de la majorité : « Fous savez bien, a-t-il dit, qu’en politique, il n’y a pas de justice ». Nous n’ignorions pas, en effet, cette théorie opportuniste, mais nous ne sommes pas fâchés de voir un député de l’Aisne, l’un de ceux qui ont été le plus violemment frappés dans leurs intérêts électoraux par M. le général Boulanger, constater publiquement que chez les parlementaires on n’a qu’un souci : l’intérêt personnel, et qu’on est prêt, pour conserver le pou voir, à faire litière de tous les prin cipes de la justice et de l’équité. Ces hommes qui en deux heures, sans raisons, sans preuves, ont arra ché à son mandat de représentant du peuple l’élu de un million de citoyens étaient décidés à toutes les infamies....

À propos

Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.

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