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La Cocarde, 21 mai 1893

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La Cocarde
21 mai 1893


Extrait du journal

Un père qui tue sa femme et ses enfants, et se suicide. — À l’hô pital Gochin Au rr 107 de la rue de la Glacière habitait la famille 'Coupé, composée des époux et de trois enfants. Le mari, Charles Coupé, âgé de 48 ans, tenait le débit de vins sis dans cet immeuble et portant comme en seigne : Débit de AJonlsouris. D’une honnêteté et d’une moralité irréprochables, Coupé exploitait ce dé bit depuis 11 ans. Pertes aux courses On lui avait cependant remarqué un grand défaut : il jouait aux courses, et, tout dernièrement encore, il avait perdu une assez forte somme. Les voisins le savaient gêné dans ses affaires et avaient remarqué que sa femme était d’une tristesse tous les jours plus grande. Cependant rien ne faisait prévoir l’horrible dénouement qui s’est déroulé ce matin. Hier soir, Coupé, après avoir fermé sa boutique comme d’hibitude vers 10 heures regagnait son logement sis au 1" étage au-dessus du débit de vins. Comme la concierge connaissait le mauvais état de leurs affaires et qu’elle s’attendait d’un jour à l’autre à le voir laisser la clef sur la porte et démé nager, elle ne fut pas trop surprise en se levant ce matin, à 6 heures, de ne point voir la boutique ouverte comme à l’ordinaire. Le drame. — Les premières consta tations Cependant lorsque, vers 6 heures et 1|2, elle vit que l’on ne descendait pas et que personne ne bougeait au-dessus de sa loge, à l’aide d’une canne elle se mit à tambouriner aux vitres du loge ment occupé par la famille Coupé. Personne ne répondit. Cependant quelques instants après, vers sept heures et demie, il lui sembla entendre trois détonations successives; elle en fit part à son mari et tous deux, s’étant informés auprès des voisins, apprirent que le bruit venait de l’ap partement des Coupé. Alors la concierge se décida à aller au commissariat de M. Siadoux : comme il était absent on lui accorda deux agents qui, suivis du secrétaire et d’un serrurier, se transportèrent rue de La Glacière. En vain ils requirent Coupé d'ouvrir îa porte ; le serrurier fit alors sauter la serrure et comme la porte s’ouvrait, l’on entendit un dernier coup de re volver. Horrible spectacle Lorsque le secrétaire du commis saire et les agents pénétrèrent dans l’appartement, un spectacle horrible s’offrit à leurs regards : dans la pre mière pièce sur un lit de fer madame Coupé était étendue morte, la tempe droite ouverte par une balle de revolver ; Coupé était étendue par terre, râlant et également blessé à la tempe. I Dans la seconde pièce occupée par...

À propos

Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.

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