Extrait du journal

porte un joli nom et un nom mérité : la rue du Soleil. Très large, aboutissant â la campagne, bordée d’un côté par des jardins enclos de murs bas oy seulement de barrières de bois, cette rue, la dernière du faubourg Saint-Sernin, regarde gaiement le midi. La plupart de ces maisons sont neuvqp. Le propriétaire de l’usine les a fait bâtir en vue de procurer aux Ouvriers des locaux sains et agréables. Chaque ménage a, en outre, la jouissance de l'un des jardinets d’en face,et les hommes les cultivent A leurs moments dé loisir. Vers le milieu de la rue, une fenêtre ou verte au premier étag® permettait de voir une jeune fille assise dans l’embrasure, de vant une machine à coudre. Elle ne levait guère les yeux et l’on n’apercevait bien que son fin profil penché et la torsade d’uQ,brun chaud qui formait une grosse coque au sommet de sa tête. Une femme, dont les bandeaux gris bien lisses encadraient la figure placide, allait du fourneau placé dans un angle à la table où elle achevait de mettre le couvert. — Nos hommes sont en retard, Lisabeih, dit-elle, jetant un regard soucieux sur l'hor loge ancienne, agrémentée de gros poids et d’un balancier volumineux, qui faisait grand bruit dans sa boite de noyer ciré. — De sept à huit minutes tout au plus, maman Et tenez....: j’aperçois papa au bout de la rue. La mère s’approcha de la fenêtre’ — Encore seul! dit-elle. Ah! que Charles m’inquiète! Il avait toujours été si exact, si rangé! ne se plaisant qu'à ia maison...... Et maintenant, on croirait qu’il s’y ennuie, il n’arrive plus même à l’heure des repas. Bien sûr, il fréquente de mauvaises com-...