Extrait du journal
On sait avec quelle joie Bismarck pre nait chaque année connaissance de la statistique officielle du mouvement de la population en France, et, avec un gros rire allemand, s’écriaitorgueilleusement après l’avoir lue ; « Encore une bataille gagnée I » La décadence, en effet, est évidente, hélas! Depuis 1876, le total annuel des nais sances est allé s’abaissant d’une manière désolante. La France en est venue à ce point que sa population n’augmente pour ainsi dire plus. Les mariages ont éprouvé, il est vrai, une augmentation sensible en 1899,1900, 1901, la natalité ayant été très considé rable de 1872 à 1876, par suite du grand nombre d’unions contractées après la guerre. Il en est résulté qu’en 1900,1901, 1902, la natalité s’est légèrement relevée. Malgré «ela, suivant l’expression de M. Paul Leroy-Beaulieu dans un récent article, « nous sommes le peuple d’Eu rope, et probablement du monde, qui a le moins d’enfants ». En réalité, notre population ne s’ac croît et même ne se maintient que par la diminution du nombre des décès due aux progrès de l’hygiène et par l’afflux des étrangers. La situation ne peut que s’aggraver maintenant que les mariages vont cor respondre aux années de natalité plus faible. En-onze ans, de 1890 à 1901, la France n’a gagné que 309000 habitants; chaque année cependant, l’Angleterre s’accroît de 400000, l’Allemagne de 750000, la Russie de plus d’un million. Suivant l’expression de Bismarck, c’est une bataille où la France est sans cesse vaincue. Elle descend ainsi d’elle-même au rang de puissance de second ordre. Quelles sont les causes de ce désastre continu? Nous connaissons les raison* secondaires données par les économistes : elles ont leur valeur. Mais il y a une rai son de beaucoup supérieure : c’est que les volontés n’ont plus de générosité, c’est qu’on recule devant les souffrances et les charges, c’est que même trop souvent la conscience n’est, pas obéie. A qui voudrait nier les bienfaits de l’influence religieuse en cette matière, nous dirons simplement de lire les sta tistiques. Il verra que le Finistère, le Morbihan ettesCôtes-du-Nordjàeuxseuls, fournissent un excédent de 16 321 nais sances en un an. Et voilà cependant, suivant la judi cieuse remarque de M. Paul Leroy-Beau lieu, qu’on persécute cette province la plus féconde, et qu’on fait tout pour affaiblir l’influence religieuse. On semble prendre à tâche d’aggraver le mal trop certain. Tandis que la statistique des naissances accuse une baisse continue, celle des divorces est, au contraire, eh hausse constante, et ainsi la décadence du pays devient plus évidente encore. ■ Lorsque,ilyaprèsde vingt ans, un juif fit voter la loi du divorce, on comptait annuellement en France 3500 demandes de séparation de corps. Chaque année, depuis, les chiffres s* sont élevés, et en 1900 on n’a pas enregistré moins de9309 de mandes de divorce et 2994 demandes de séparation. Le nombre des ménages brisés a ainsi quadruplé. Voici qu’on propose aujourd’hui d’ad mettre le divorce par simple consente ment mutuel. Une campagne dans ce sens est engagée et poussée avec vigueur. Et par leurs nouvelles immorales, par l’ampleur et l’allure données aux récits des aventures passionnelles, par leurs hèses directes même, beaucoup de t...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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