Extrait du journal

rendu de sa dernière séance dont voici un extrait: M. le commandant Testard donne lecture de la déclaration de M. Cadiou, qui s’oppose à l’exhumation de sa fille, en disant qu’elle a été inhumée avec son consentement dans le ter rain où elle repose. Cette déclaration a été faite devant MM. Le Coupanec, notaire; Le Hénaff, boulanger;Pessel, forgeron; Grégoire Gauthier, menuisier, et Golvan, couvreur, tous demeu rant séparément au bourg de Guidel. Le Conseil municipal tout entier pro teste ensuite contre l’injuste mesure qui frappe son maire, et lui adresse le témoi gnage de sa confiance. Qu’en pense Trarieux? Hélas! il n’en Pense plus rien; car on a annoncé que effort qu’il a fait pour cette iniquité l’a affaibli au point que le président de la Ligue des Droits de l’homme a dû se rendre dans le Midi pour un repos nécessaire et urgent. UN REHIÉOE SÉDITIEUX Ces jours-ci, dans un grand hôpital depuis longtemps laïcisé, la surveillante d’une salle se précipite, affolée, dans le bureau de M. le directeur, en brandissant une ordonnance du docteur : — Monsieur le directeur, je tiens à vous signaler une grave infraction à la liberté de conscience. Le directeur,blême,se lève, et très agité: — Je vais sévir avec la dernière sévérité. Le coupable ? e- M- le Dr X... lui-même. —■ Impossible, le Dr X... est un ferme libre penseur. — Voyez plutôt. Le directeur, affolé, lit l’ordonnance: « Au n° 7 (coliques de plomb), potion d’eau bénite toutes les deux heures. » —• Insensé! C’est insensé! gémit le fonc tionnaire. Ah! si les journaux savaient ça! Je|vais adresser mon rapport au directeur général. On attendit le rapport on l'attend encore. Mais on apprit que le directeur, prudem ment, s’était procuré un dictionnaire de médecine et y avait pu lire que l’eau bénite — bien connue des peintres en bâtiments — était un excellent remède contre les ter ribles coliques de plomb et qu’elle ne devait d’ailleurs ce nom « subversif » qu’aux braves moines qui l’inventèrent, il y a quelques siècles, et l’employèrent avec succès* . U PAYE DES CAMBRIOLEURS On lit dans le Nouvelliste de Bretagne : Ce matin dimanche, à la mairie de Brest, les crocheteurs qui avaient opéré dans l’arrondissement de Brest ont reçu le salaire de leur peu honorable besogne. A la sortie iis ne paraissaient point satis faits. Ils se chamaillaient vigoureusement et se jetaient à la face des épithètes qui, quoique habituelles dans leur monde, n’en étaient pas moins vigoureuses et venge resses pour les braves Bretons qui avaient résisté à leur œuvre. La querelle ne s’est d’ailleurs point li mitée entre les miséreux qui avaient opéré contre nos couvents. L’un de ces derniers a pris à partie le chef de la bande cambrioleuse et lui a dit quelques dures vérités. Resté chez lui les pieds chauds, ce haut dignitaire des Loges, futur candidat aux faveurs du « bloc », aurait prélevé, s’il faut en croire celui qui l’injuriait, la part du lion, sur la somme allouée à ses ouvriers. Si la chose est exacte, elle ne manque pas de piquant. Le capital maçonnique, exploitant la plèbe anticléricale, c’est bien-là le tableau de l’avenir. ENTRE ESCRIMEURS Depuis quelques jours des correspon dances aigres-douces s’échangent par télé graphe entre deux escrimeurs français et deux de leurs confrères italiens. Ces messieurs sont décidés à en découdre, mais ils ne parviennent pas à s’entendre sur le choix au terrain. —Venez par ici, disent les Français. —Amenez-vous par là, répondent les Ita liens. — Nous consentons à vous pourfendre à Nice, condescendent les Français. — Donnez-vous la peine de venir vous faire couper la gorge à Naples,télégraphient aimablement les transalpins. L’affaire en est là, et nous ne pouvons que souhaiter qu’elle ne dépasse pas ces invitations réciproques....