Extrait du journal

Je connais un pauvre, très pauvre cou vent, qui fait, en ces jours, quelque chose comme cela ; et, au milieu des voitures de déménagement, des trains qui emportent vers l’exil des communautés entières, coupables d’être pures et dévouées, ne se laisse intimider ni par les cris de haine, ni par les batteries d’allégresse des Loges..., un couvent qui a dit très simplement : « Je reste!..» Naturellement, les amis ont aussitôt envahi le parloir : « Mais, ma Mère, vous n’y pensez-pas..? — C’est vrai, je n’y pense pas du tQi^j... nous avons cent cinquante familles pauvres à visiter tous les jours... — Réfléchissez donc!.. -—Souvent, réfléchir... c’est fléchirI ■—Où allez-vous.. ? — Nulle part... «— Mais tout le monde s’en va!.. — Ils ont raison ; moi je reste. » •H)— Inutile de dire que ce couvent n’est pas autorisé et qu’il ma même jamais songé à se taire refuser l’autorisation. Il économise sur ses pommes de terre, ses haricots et son compteur à eau pour arriver à payer les impôts de tous les citoyens français, et, en plus, les droits de main morte. En dehors de cela, les pauvres religieuses ne veulent plus rien savoir... il en adviendra ce que Dieu voudra... un point, c’est tout. Et les Sœurs vont, viennent, abeilles laborieuses du plus misérable faubourg ouvrier. Quand elles passent devant la Sœur portière, elles croisent souvent des individus louches qui n’ont, paraît-il, rien de mieux à faire que d’apporter à ces pauvres femmes une nouvelle assignation du pro cureur de la République. Mais la petite Sœur n’a pas peur; elle garde sa loge avec une crânerie de chasseur à pied, et rien n’est drôle comme de la voir déchirer Ten et lire la feuille jaune : Madame la Supérieure est requise de se rendre, ce jour d’hui même, dans le cabibinet du procureur de la République, pour affaires concernant sa communauté. Sauf quoi, sera procédé contre elle, etc., etc., etc. La Sœur lit et rend le papier : « Notre Révérende Mère Supérieure n’est pas là... — Quand rentrera-t-elle.. ? •— Je ne sais pas.. — C’est vrai, ce mensonge-là..? » Alors, la petite Sœur, d’une voix très calme,cingle le chien du procureur: «Vous savez bien qu’en apportant ce papier, vous nous tendez un piège grossier... que l’assi gnation est nulle si elle n’est pas noml-...