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La Croix, 10 décembre 1902

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La Croix
10 décembre 1902


Extrait du journal

Le cordon de troupes placé sur nos frontières estun cordon de troupes d’élite. Là, nos soldats, s’ils ne portent pas la tenue de campagne, doivent observer une tenue qui fasse redouter la cam pagne àceux du dehors qui seraient tentés de l’entreprendre. Discipline, réserve, dignité,endurance, rien ne doit manquer. Pour que la France fût respectée comme il convient au dehors, il faudrait que notre politique actuelle ne franchît pas nos frontières. Aussi ne doit-elle pas pénétrer dans la noble cohorte chargée de faire respecter la nation. Nos troupes de couverture ont con science de leur mission; nous le répétons: ce sont des troupes d’élite. Malheureusement, le ministre de la Guerre qui est allé les visiter n’a pas la même notion de son devoir: ce n’est pas un ministre d’élite. Sa visiteàl’armée de couverture n’était, au surplus, que la couverture d’une visite à des amis politiques qui ne sont pas les amis de l’armée, ainsi qu’en témoignent les bouquets rouges qu’ils lui ont offerts. La politique intérieure a été introduite à grosse dose dans ses discours — peutêtre d’ailleurs lui avait-on interdit d’aborder la politique étrangèrequiavait mal réussi à M. Pelletan en ballade; —• mais, alors qu’il n’avait pas à parler de politique d’aucune sorte, M. le ministre de la Guerre a substitué les discours de politique haineuse et révolutionnaire aux paroles purement militaires qui seules conviennent à un général en tout temps et en- tout lieu, particulièrement en ce temps-ci et sur nos frontières. Nos voisins étaient en droit de se mon trer émus de la visite du ministre de la Guerre. Après la visite, ils auraient mauvaise grâce à ne pas se montrer ras surés. — Ce n’était que pour ça! se disent-ils, remis de leur alerte. Le ministre ne s’est pas contenté de déclarer la guerre... à une partie de la nation, il a eu un lapsus linguæ prémé dité et voulu qui constitue un outrage à la religion et aux pratiques religieuses de toute la nation. ~ Quand le propos nous fut rapporté, nous refusâmes d’y croire; mais il est publié sans démenti par les journaux de la région, et nous sommes bien forcé, jusqu’à nouvel avis, de le reconnaître exact. Lors de sa visite au stand territorial de Tomblaine, il a dit (avec quelle joie nous insérerions une rectification!) : — Venez au stand, ça vaut mieux que d’aller à la messe ' Puis, se reprenant aussitôt : — Non, au café. Eh bien, l’assimilation entre la messe et le café constitue une indécence qui, à elle seule, suffirait à rassurer la nation voisine, dontle chef entretient si soigneu sement le respect de la religion dans l’armée. Nul n’ignore que l’empereur Guillaume attribue à la foi de ses troupes leur discipline et leur force. Ainsi M. le général André se croit autorisé à prendre un mot pour l’autre : la messe et le café, pour lui c’est la même chose! L’assistance à la messe a-t-elle jamais fait un mauvais soldat? M. le ministre pourrait-il en dire autant de la fréquen tation du café ? Pour prendre un exemple, M. André n’aurait pas trouvé à la messe son lapsus monstrueusement indécent. Il l’a certai nement rapporté du café, et encore de quel cafét De même que M. Vallé, n’ayant rien à répondre de plausible à l’interpellation...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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