Extrait du journal

ENCORE PIE K Hier, au moment où nous parlions de Pie IX tout-puissant dan9 sa tombe, le peuple romain sans travail menaçait Rome de barricades et jetait des pierres contre le palais du roi usurpateur. Déjà cette foule avait attaqué et frappé la police, il y a’quelqucs jours, à la brèche de la Porte Pie, là où on a renversé les défenseurs de Pie IX; mais au onzième anniversaire de la mort, les coups de cou teaux out fait couler avec abondance le sang delà police italienne dans la ville. Ces émeutiers sont les ouvriers attirés pour transformer la vieille Rome des Papes en Rome capitale et qqi-n’ont plus rien ni à détruire ni à bâtir. * ' » * On nous télégraphie ce matin que, à l’heure du service de Pie IX, à SaintLaurent-hors-les-Murs, la ville est tou jours terrifiée. Les réverbères brisés, les devantures défoncées attestent le combat de la veille et aucun magasin ne s’ouvre, les ministères sont fermés et la banque menacée. Avant l’émeute les prisons étaient si remplies qu’on prenait des mesures pour loger et nourrir les prisonniers. Hier on ne savait plus où loger ceux qu’on arrê tait. On ne peut point cependant demander à Léon XIII de prêter sa prison au roi d’Italie. Le M. L’ÉPINGLE On vient d’inaugurer le bronze d’un po lisson qui portait ses nouveau-nés tout nus, dans un mouchoir, aux Enfants-Trouvès et dont la femme était ivrogne; mais c’était un philosophe. Il enlevait le surnaturel à la vertu pour fabriquer ce résidu philosophique qui a servi a faire les morales civiques. Parlons un peu de cette morale, sans la dénigrer, en nous mettant au point de vue des graves auteurs qui veulent faire notre bonheur avec ça. * Ces philosophes Incrédules supposent que l’homme, par les forces de la raison, réglera sa vie et qu’il sera heureux s’il sait préférer ce qui est honnête, s’il fuit les excè9, s’il possède assez de grandeur d’âme pour subir avec une égale tranquil lité les événements heureux et malheu reux, enfin s’il rend à chacun ce qui lui est dû. En un mot s’il a les vertus civiles. Ces faiseurs de morale civile et civique supposent un citoyen qui ne vit que selon sa raison, c’est-à-dire selon l’homme, alors u’un chrétien a droit au privilège divin e vivre, en outre, selon Dieu. Cependant, ils nous offrent quelque chose. Oui, mais c’est un peu comme si l’on offrait à un riche du pain, de l’eau et de la paille dans l’antichambre de sa mai son. Ce riche a droit sans doute à ce pain, à cette paille, à ce vestibule, — tout le monde n’en a pas autant—mais vraiment on ne le traite guère en riche propriétaire. Ces braves discoureurs rappellent le renard de La Fontaine dont la queue a péri à la bataille et qui (engage tous ses confrères les renards à se priver de cet ornement inutile, afin de les réduire à être aussi dépouillés que lui. On lui fit tourner le dos, on vit sa honte et on l’en voya promener. Disons aussi à ces moralisateurs ci viques : « Tournez-nous donc le dos qu’on voit tout ce qui vous manque. Vous n avez plus d’ailes pour voler vers Dieu et vous voudriez nous faire croire que le suprême bonheur c’est de ramper comme vous ? Arrière I » La raison, avec son honnêteté, sa tem pérance, sa force dans l’adversité et sa justice humaine, donne donc, nous le ré pétons, un bonheur relatif, comme le pain sec et dur à celui qui a faim; mais elle ne...