Extrait du journal
des maires, faisant preuve de plus d’in géniosité que de probité administrative, faisaient inscrire certaines personnes, non totalement privées de ressources, à la condition pour elles de reverser une quote-part de l’allocation mensuelle dans la caisse de la commune ou dans celle du bureau de bienfaisance. » Pour mettre fin à ces fâcheuses com plaisances, on peut demander que le barême de la loi de 1905 soit établi sur la même base que celui de l’assistancs médicale gratuite, qui laisse toujours à la commune une part contributive d’au 'moins 20 % de la dépense. Que, d’autre part, les préfets tiennent la main à ce que soit exécuté le récent décret qui oblige les maires à joindre des docu ments justificatifs aux dossiers envoyés en vue du contrôle sur pièces, et que les départements organisent avec soin un contrôle sur place, surveillant la négli gence ou la complicité des assemblées locales. Nos législateurs, du reste, ont eu un jour l’idée *le toucher à la loi d’assis tance ; ce ne fut pas, hélas ! pour l’amé liorer, mais pour la rendre pire. Par; l’article 36 de la loi de finances du 31 dé cembre 1907, ils ont décidé que, pour établir les ressources des vieillards de 70 ans, les revenus provenant du travail n’entreraient pas en compte. Et aussitôt, dans un grand nombre de communes rurales, on vit des vieillards verts et ro. bustes, gagnant jusqu’à 1 500 et 1800 fr. par an, demander et obtenir des secours. Cette modification législative a donc eu pour déplorable résultat de faire per dre en partie à la loi de 1905 son carac tère de loi d’assistance ; qu’on l’ait ou non voulu, pour les vieillards de 70 ans elle est devenue une véritable loi sur les retraites ouvrières. Le Parlement lui-même s’est ému l’an dernier de cette situation irrégulière : une nouvelle proposition a été déposée à la Chambre, et elle a*donné lieu, le 15 dé cembre 1908, à un intéressant rapport de M. Jeanneney. Il propose que. dans le cas prévu en 1907, les revenus du travail entrent en compte pour la partie de leur valeur supérieure à 300 francs par an. Depuis cette époque, M. Jeanneney est devenu sénateur, et’ 3on rapport dort dans les dossiers du Palais Bourbon. Quant aux faiblesses morales qu’a ré vélées l'application de la loi, la liste en est vraiment bien longue. Combien se font inscrire à l’assistance qui n’y ont aucun droit ? Ici, c’est une femme qui a une domestique à son service ; là, c’est un vieillard dont un fils est officier et l’autre garde général ; ailleurs, c’est une veuve qui fait donation à son neveu d’une quinzaine de mille francs, puis obtient son admission à l’hospice ; ail leurs encore, c’est un infirme qui se fait inscrire dans trois communes. Mais les inscrits indûment sont-ils bien les plus coupables ? Que dire des enfants qui, au lieu de faire quelques sacrifices, sont les premiers à dissimuler leur avoir et à pousser leurs parents à demander l’inscription sur la liste d’assistance, — des conseillers municipaux qui, durant la période électorale, inscrivent par fournées des centaines d’électeurs comme indigents, — des médecins enfin qui délivrent des certificats d’infirmité ou d’incurabilité à tous ceux qui se pré sentent ! La loi du 14 juillet 1905 sera une source d’abus croissants, tant qu’on n’y ajoutera pas des sanctions pénales. Quand sera discuté, au Luxembourg, le budget du ministère de l’Intérieur, puisse un membre de l’opposition, utili sant le formidable réquisitoire dressé par les fonctionnaires mêmes de l’Etat-, attirer l’attention publique sur les inu tiles dépenses faites chaque jour dans nos communes rurales au profit de pré tendus indigents qui n’ont poftr être aidés d’autres titres que leurs relations de famille ou leurs attaches politiques, et détournent les fonds de l’assistance de leur but sacré, qui ëst de secourir la vraie misère. .Victor de Clbrcq....
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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