Extrait du journal
L’existence dans les écoles publiques de manuels scolaires attentatoires à la foi des parents et des enfants, l’opposi tion faite à la condamnation de ces livres prononcée par les chefs des dio cèses, les incidents qui, à la suite, ont surgi dans plus de soixante départe ments, sont assurément des événements de la plus haute gravité. Il importe cependant d’observer qu’il y a quelque chose de plus grave encore, c’est l’état d’âme général dont ces faits récents ont été l’éclatante manifestation. Ce qui est plus grave, c’est que depuis vingt ans l’école nationale ait pu devenir athée et propagatrice d’athéisme. Ce qui est plus grave, c’est qu’une foule de ma nuels non condamnés ne valent guère mieux que ceux qui ont été frappés. Ce qui est plus grave, c’est renseigne ment oral des maîtres qui échappe au contrôle et qui est trop souvent pire que les manuels. Ce qui est plus grave, c’est que, par le souci de préparer à certains examens dans les livres mêmes de l’ad versaire, des maîtres libres aient poussé l'aberration jusqu’à donner parfois à leurs élèves les livres proscrits par les évêques. Le mal profond, c’est l’enseignement athée dans l’école publique — c’est l’en seignement quelquefois insuffisamment catholique dans l’école libre. Le mouvement actuel est une réaction nécessaire et urgente. Il importe que vers son succès convergent tous les ef forts. Les pères de famille se sont mis à l’œuvre. C’est par milliers que leurs as sociations se comptent déjà. Bravo ! Mais, de grâce, qu’on ne rétrécisse pas l’importance de ce mouvement sauveur. Et que, sous prétexte d’agir avec plus d’efficacité sur le monde officiel, on n’empêche pas la défense de la con science des enfants d’avoir toute sa por tée et de réunir tous ceux qui doivent y prendre part. Des hommes, au dévouement et à l’excellence des intentions desquels nous tenons à rendre un hommage absolu, ont essayé de borner l'action des asso ciations qui se fondent à la défense stricte de la pure neutralité légale et de les réserver aux pères de famille ayant des enfants dans les écoles publiques. Que ces chefs de famille fassent des associations ou des sections d’associa tion, qu’ils interviennent à ce titre au près des instituteurs et des inspecteurs en faveur de ce mythe qui s’appelle la neutralité, c’est très bien. Nous les en louons. Mais, à l’heure présente, ce mouve ment est débordé. De partout ce sont des questions plus hautes qui se posent. La Défense républicaine, qui porte deux fois par semaine à toutes les feuilles biocardes de province la bonne parole des pontifes de l’anticléricàlisme mili tant, leur montrait, ces jours-ci, par la plume du F.‘. Lafferre, que les projets Doumergue ne sont que de la bouillie tout à fait insuffisante. Et elle les invi tait tous à réclamer : 1' des poursuites contre les écoles libres ; 2“ de nouvelles exigences rendant impossible la con currence libre ; 3“ le stage scolaire dans les écoles de l’Etat obligatoire pour tous les fonctionnaires ; 4° le monopole. Et lorsque nos adversaires en sont là de leur assaut, nous nous bornerions à faire appel à une classe de pères de famille et à réclamer la neutralité ! Ce serait prendre la partie pour le tout. Ce serait de la folie. Comme le disait le cardinal Andrieu, recevant récemment son clergé, nous devons réclamer des écoles catholiques et la répartition proportionnelle des sub sides publics entre toutes les écoles. Voilà ce qu’exigent la justice et la liberté promises à notre pays. Nos voisins les catholiques anglais posent à l’heure présente leurs condi tions sur ce sujet aux candidats de tous les partis. Nous devons faire de même. C’est un magnifique horizon de lutte qui s’ouvre devant les catholiques de France. Quoi qu’en dise M. de Narfon dans le Figaro du 2 janvier, il n’y a lieu d’éviter ici ni l’intervention de l’autorité reli gieuse ni la présence des prêtres. Pour lui, la « vérité », la « méthode légitime », est exclusivement dans la formule de M. Gurnaud : « Seuls nous intéressent les parents dont les enfants fréquentent les écoles d’Etat. » Eh bien, non, la vérité n'est pas là. Que ces parents fassent des démarches, aient leur action personnelle, c’est fort bien. Mais selon la formule des statuts que nous venons de publier en nos nages documentaires, c'est 4 tous les...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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