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La Croix, 13 février 1889

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La Croix
13 février 1889


Extrait du journal

LE SOCIALISME ET L'ESCLAVAGE < L’esclavage de la femme et de l’enfant livrés au travail forcé est une plaie du paganisme qui se reproduit partout où la loi chrétienne s’efface. Les femmes musulmanes sont vieilles et usées à 30 ans et, ce qui étonne, c’est qu’elles vivent jusque-là quand on voit le travail auquel l’homme fainéant les con damne; elles portent, en effet* sous le soleil, à des distances énormes,- des far deaux qui surpassent leurs forces, toujours pieds nus. Leur travail commence à l’au rore et, pour elles, la veillée cruelle est sou vent' précédée de coups de bâtons. Une loi, dont on a discuté et voté les articles à la Chambre,a réclamé protection pour la femme et l’enfant en plein pays chrétien, et les faits révélés à la tribune ont montré qu’en France, comme naguère en Angleterre, on était arrivé aux horreurs du monde musulman, horreurs physiques et horreurs morales. Les sans-Dieu façonnent la France d’au-! jourd’hui tout autrement que les anciens! évêques des Gaules qui la façonnèrent j autrefois, et l’on voit les effets suivre les causes ; pas de christianisme, ôtez la Vierge Marie et vous aurez la femme avilie et tourmentée. . • * * De là nécessité de faire une loi pour la protection de la femme dans l’usine afin de répondre à cette exclamation d’une Algérienne à propos d’un procès-verbal de laSociété protectrice des animaux : « Quoil On fait en France des lois contre les mau vais traitements des animaux, et on n’en fait pas contre les mauvais traitements des femmes. Je crois qu’elle avait le bras cassé par son époux et chacun trouvait cela tout naturel; nous respectons chez nos sujets musulmans ces procédés de leur religion. Car, on doit, dit-on, protéger toutes les religions, excepté la vraie. * *'* Certes, partout où il y a un désastre social, la loi, si impuissante qu’elle soit pour refaire les mœurs, doit au moins y tendre et éteindre l’incendie du moment,, sauf à désirer en principe qu’on supprime les incendiaires et leurs professeurs. Donc, en face de l’esclavage de la femme avec toutes ses conséquences, y compris la destruction de la race future, nous con cevons que l’on crie : Au secours I surtout quand de grands usiniers eux-mêmes le réclament et disent, comme pour la loi de dimanche : « Interdisez à nos rivaux d’avoir des esclaves, afin que nous ne soyons pas contraints à en user. » Ici nous sommes tous d’accord, catho liques et socialistes. Mais voici la différence : Nous voulons la fin de l’esclavage et nous voulons en supprimer les causes, tandis que les socia listes, en en brisant, eux aussi, les chaînes, veulent d’abord le faire brutalement, comme si un affamé devait être bourré de viandes tout d'un coup, et de plus, à leur insu, ils posent les causes les plus efficaces de l’esclavage. Ces naufragés sont empressés à faire manœuvrer les pompes, même plus que nous, et jusqu'à les briser ; mais, de plus, tandis que nous nous efforçons de fermer la voie d’eau, eux l’agrandissent sans cesse. ■k * A En effet, au lieu de prendre la loi ac tuelle contre le travail de nuit des femmes dans les grandes usines, comme un pal liatif et un remède à un état social défec...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

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