Extrait du journal

POUR UNE FAUTE D’ORTHOGRAPHE Il faut aller en Russie pour voir cela. Le3 bolcheviks ont introduit dans l'ortho graphe de ceux qui savent lire et écrire de nouvelles règles auxquelles on ne peut déroger publiquement sous peine de sanc tions sévères. - • Un commerçant de Kîiarkolï avait, sur l’enseigne-de son magasin, .contrevenu à l'orthographe nouvelle en ajoutant, suivant l'usage ancien, à la dernière lettre de son nom terminé par une consonne, ce petit b tarabiscoté qui s’appelle le « signe dur » et qui vient- à la droite de tout mot russe qui ne se termine ni par une voyelle ni par « le signe mou » (sorte de lettre muette). Supposons’, par exemple, que les mots’ français parc et farce soient des mots russes ; on mettrait un signe dur (et d’ail leurs inutile) à la suite du mot parc, pour lui laisser la prononciation dure, tandis que dans le mat- farce \fare~e) terminé par la lettre muette f. analogue an signe mou russe, la prononciation est amollie. La grande pensée des. bolcheviks ayant été de supprimer partout le signe dur, intéressant par tradition et parfaitement inutile à la langue, le commerçant de Kharkoff avait omis d’effacer de son nom le signe final, devenu rétrograde, bour geois et séditieux. 11 a été condamné par les Soviets à une amende de 250 millions de roubles : 40 ou 20 francs, quoi ! L’ALLEMAGNE IRRÉDUCTIBLE M. Georges Blondel, professeur au Col lège de France, vient d’effectuer, en Alle magne, son onzième voyage depuis l’ar mistice. Il y a constaté que la situation de l’Allemagne a empiré depuis quelques mois. L'activité industrielle du pays est sans doute considérable : il y a peu de chômage, la production est intense. Mais cette activité ne profite qu’à un nombre restreint de personnes : industriels, finan ciers, intermédiaires ou commerçants. Quant aux classes moyennes, partout très éprouvées, • cites souffrent, et, d’autre part, la situation des ouvriers laisse aussi à désirer. 11 riv a pas de désarmement moral chez nos ennemis, a constaté M., Blondet. Des personnalités notables de Berlin tiennent à considérer une nouvelle guerre comme inévitable. La conclusion de M. Blondel est que nous devons faire preuve de fermeté. La guerre n’est pas finie, et nous devons re doubler d'efforts pour arriver à la paix réelle. L’ABUS OU STYLE ELLIPTIQUE Vers Montmartre, devant la boutique d’un marchand de chaussures, il y avait, ces jours-ci, une foule nombreuse. Mais il ne s'agissait point de soldes alléchants Non. Les gens se contentaient de rire et de faire des réflexions amusées, après avoir re gardé une petite pancarte sur laquelle .se trouvait cette annonce des plus inatten dues : FEMMES EN CHEVREAU GLACE 58 FRANCS Et cette autre pancarte qui disait : GARÇONNETS EN VEAU NATUREL 45 FRANCS H n’y a qu’une chose qui est sous enten due, c'est la principale, la chaussure. Mais on comprend tout de même, c’est l'essentiel....