Extrait du journal
Lorsque ambassadeurs ou potentats étrangers débarquent en la capitale de la France, dont l’auréole de fille aînée de l’Eglise rayonne à travers les âges et jusqu’en Océanie, ils rencontrent sur le quai d’arrivée de la gare, au milieu des portefaix, la France officielle représentée par des types ornés d’un inexorable masque d’athéisme. Ces gens à beaux visages ont fait leur Première Communion, ils élèvent leurs enfants aux écoles congréganistes et vo nt & la messe quand ils l’osent, mais en tant que délégués de la grande nation, chargés de recevoir des hôtes exotiques, ils sont au niveau d'un rédacteur de la Lan terne. * • » Leur masque laisse passer des sou rires, mais il ne doit pas laisser percer l’ombre d’une idée du ciel; ils ont la bouche pleine de théâtres, de ballets, de fêtes de nuit et de jour, de courses et de chasses; ils admirent les monuments profanes, les grands magasins, etc.; mais jamais, en recevant les hôtes delà France, une parole plus élevée que celles que pourraient prononcer les hôtes du Jardin des Plantes s’ils avaient aussi le don de parler. C’est là un protocole connu. Si l’on vient à prononcer le nom d’une église ou d’une cérémonie sacrée, ils se tortillent, ces choses leur brûlent les lèvres comme si ces braves pères de fa mille étaient messire Satan en personne. * # * Cependant, les potentats assez puis sants savent, au grand scandale de la mascarade athée, se dégager quelque fois de l’atmosphère d'athéisme de con vention et ne tiennent aucun compte des masques officiels. Le czar, à travers les sans-Dieu de convention préposés à sa garde, alla d’abord à l’église, réclama le cardinal Richard à l’arrivée, le reçut le premier, et quand les types officiels lui apportèrent un programme, il le biffa et inscrivit Notre-Dame avant le Panthéon et la Monnaie. Afin d’éviter le péril de l’eau bénite, le ministre des Cultes voulait faire escorter le czar à Notre-Dame par des architectes et des chefs de bureau. Le czar préféra le cardinal et son clergé ; le ministre venu jusqu’au parvis pour tenter de laïciser la visite, s’enfuit épou vanté. ' # * Les plénipotentiaires, les simples princes, les délégués n’osent pas autant, et j’ai vu une Commission internationale réunie à Paris à laquelle, au soir des tra vaux, les masques officiels, à titre de courtoisie, proposèrent officieusement à ceux qui étaient garçons de singuliers asiles de nuit. En ce moment, des envoyés, dont nous ignoronsla valeur diplomatique, viennent à: Paris d’Abyssinie accompagnés d’un dignitaire ecclésiastique. On sait que le pieux empereur Ménélik attribue justement sa victoire d’Adoua sur les Italiens à l’impiété de ceuxci qui osèrent l’attaquer un dimanche pendant la messe, oubliant qu’eux aussi sorit chrétiens. Naguère, il a reçu avec honneur les missionnaires français, il les a comblés de prévenances, leur a fait une place privilégiée malgré les jalousies schismatiques. , • '• Eh bien f au lieu de prendre la foi de ces amis de la France au sérieux, on s’est efforcé à l’arrivée de les» déniaiser » par des spectacles profanes; on ne leur a parlé que de cela. Ils ont voulu aller à la messe le di...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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