PRÉCÉDENT

La Croix, 17 août 1924

SUIVANT

URL invalide

La Croix
17 août 1924


Extrait du journal

Pendant "dix mois de l’année, l’église du village est fermée. Un prêtre essoufflé, qui arrive à bicy clette d’une autre desserte, l’ouvre une heure Ghaque dimanche..., le temps d’une messe hâtive à laquelle assistent une dizaine de personnes. Puis il repart... Et en voilà pour huit jours... à moins que la mort ne passe... Dans ce cas, le prêtre revient, et, cette semaine-là, l’église est ouverte une heure de plus. C’est tout. Alors, comme partout où l’esprit se retire, c’est la nature qui avance. Elle a repris le monument. Le pourpier en a rosé les contreforts. Et, à l’intérieur, la blanche église, si amoureusement ciselée par la piété des ancêtres, est devenue verte. L’herbe pousse entre les dalles..., il y a des petits ormes dans le coin des fonts baptismaux, et, sur tous les murs, l’humidité a fait naître une mousse minuscule comme en ont les ruines et les vieux tombeaux. » Et pourtant, le village est là, tout autour, vivant. Mais il vit, hélas ! comme vivent ses bêtes... Il mange, il boit, iJ travaille, il dort. C’est tout..., tristement tout. Oh !.. il n’y a pas de haine. 11 y a l'indifférence et la peur les uns des autres. Quand on est resté long temps sans pratiquer, on n’ose plus re commencer... Songez donc !.. Que dirait Titine qui est toujours sur sa porte..''? Et le gros Machin, quand on le rencontrerait, au sortir de la messe.. ? — Tiens... Qu’est-cè qui te prend.. ? — Que veux-tu !.. — Eh bien ! mon coion L Et cela suffit, au village, pour effon drer un homme. * Mais subitement, la première semaine d’août, l’église ressuscite. Ouï, elle ressuscite..., les Parisiens arrivent !.. a Jadis, ils étaient le scepticisme et le scandale. Beaucoup le sont encore. Mais combien, aujourd’hui, -ont- re trouvé leur foi et leur liberté reli gieuses ! ' Leur foi.. ? Ils ont vu et lu tant dé choses qu’ils ont fait comme le tour du néant intellectuel humain. Leur liberté.. Ÿ Qui est plus tranquil lement chrétien que le jeune homme de nos organisations -paroissiales ? Il est né, il a grandi dans l’objection. Sou vent, c’est le prêtre, le premier, qui l’a initié à cette objection. Et il sait telle ment à quoi est vouée une âme qui n’a pas le frein de la croyance reli gieuse ! # Aussi, comme le Parisien va simple ment à la messe ! Comme il la suit ! Comme, au besoin, il la servira ! Comme aussi il fait rayonner sa foi ! Pendant deux mois lléglise ne sera plus verte... L’autel aura des fleurs fraîches... La mère, la sœur ou la fiancée ont ouvert l’harmonium..., elles ont sur tout pris le balai, nettoyé la sacristie et l’église, laissé entrer partout l’air et le soleil. Le dimanche d’été, l’église devient trop petite... Le village regarde en disant : « Tiens, la religion existe donc en core..? » Et si le brave curé de campagne a le temps d’unir, de coordonner ces bonnes volontés, il pourra désormais les rendre fécondes pour les dix autres mois. Isabelle Sandy, dans l'Echo de Paris. parlait, la semaine dernière, du mépris du Parisien envers le paysan. J’ai nettement l’impression contraire pour les contrées que je connais. Le Parisien, surmené, tendu, écrasé par les autos, asphyxié dans des locaux exigus, pleins de bruits et de poussières, aime maintenant la Grandi Amie et soupire ardemment après elle, d’un dimanche à l’autre. Les départements limitrophes de la capitale se lotissent sans arrêt... Petits patrons et ouvriers rêvent de leur maison et de9 jardins amoureusement cultivés. ' / Le Parisien reconnaît plus que jamais le rôle magnifique du cultivateur. Ce, qui l’attriste, c’est que le paysan en est au stade « sceptique » dont luimême est maintenant évadé. Le « prêtre de la terre » croit à sa charrue e* à son fumier... Hélas ! Û ne croit plus autant en Dieu. Et e’est toute la grande tristesse ac tuelle de la campagne. Aussi, bénies soient les vacances ! Bénies soient nos chères colonies ! Le paysan offre le pain. Le Parisien lui rappelle que l'homme ne vit pas seulement de pain: En grande tenue, et clairons en télé, nous sommes allés, en plein village, saluer, ‘dès notre arrivée, le monument aux morts—, m’écrit-on d’une colonie..., et, autour de nous, des larmes ont coulé dans bien des yeux. ... Le jour de VAssomption, c’est nous gui chantons à la ‘ gvanCPmCsse.~f m’écrit-on d’une autre. ... Dimanche prochain, nous donnons, avec notre meilleurs pièce 'de cet hiver,...

À propos

La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.

En savoir plus
Données de classification
  • herriot
  • antonini
  • ebert
  • marx
  • belleney
  • pott
  • cattori
  • lecomte
  • joseph wolff
  • franc-nohâin
  • ruhr
  • lourdes
  • france
  • paris
  • arras
  • londres
  • allemagne
  • berlin
  • pompéi
  • reich
  • c. l.
  • c. h.
  • a. m.
  • a. l.
  • f. p.
  • conseil d'etat
  • santos
  • parlement
  • bayard