Extrait du journal
Oui ou non, les faits reprochés au magis trat qui présidait les assises dans l’affaire Drumont sont-ils exacts ? M. Mariage a-t-il été appelé dans la salle des délibérations du jury? A-t-il insisté vivement pour obtenir une condamnation en refaisant le réquisitoire de l’avocat général ? A-t-il promis,pourl’ameneràcondamner, que la peine appliquée par la Cour serait légère? On le dit couramment au palais, plus couramment encore ailleurs. * * * Immédiatement après la condamnation, pardon I Xexécution Drumont, un projet de loi est présenté pour corriger dans l’avenir un abus si criant. Enfin, c’est le recours en grâce signé par le jury, appuyé par le président : les termes en sont plus que compromettants : A Monsieur le Président de la République, Les jurés soussignés appellent d’une façon toute spéciale l’attention de M. le Président de la République sur le présent recours en grâce que spontanément et à l’unanimité ils ont signé à la sortie de l’audience, en faveur de M. Edouard Drumont, condamné par la Cour à trois mois de prison,mille francs d’amende et à des insertions dont le chiffre atteindra cent mille francs. Ce recours se fonde sur l’extrême rigueur de la peine qui va à l’encontre des intentions formellement indiquées par le jury. Ces intentions résultaient nettement : 1° Des circonstances atténuantes ; 2° De la réponse négative aux deux pre mières questions : réponse négative dont le premier résultat était l’acquittement du gérant, et dont le second nous semblait devoir être une atténuation nouvelle en faveur de M. Edouard Drumont. Ce recours se fonde encore, nous nous permettons de l’ajouter avec tout le respect dû à la chose jugée, et sans vouloir critiquer en aucune manière la décision des magistrats, sur l’énormité des réparations civiles. Dans ces circonstances, et pour éviter toute équivoque, il nous a paru de notre devoir de vous faire connaître la pensée du jury; et, confiants dans la parole de M. le président des assises qui a bien voulu s’en gager à soutenir auprès de vous le présent recours en grâce, nous vous prions très respectueusement, M. le Président de la République, de vouloir bien le prendre en sérieuse considération. Comment le jury a-t-il pu indiquer des intentions relativement à l’application de la peine ? Cela ne le regarde pas : il est là pour dire si oui ou non le fait est constant, pas pour autre chose. Y aurait-il donc eu des pourparlers ina vouables entre le président et le jury sur les conséquences de son verdict ? la con damnation serait-elle le fruit d’un mar chandage ? Les circonstances diverses le feraient craindre : dans ce cas, la cour de Cassation ne pourrait manquer de briser un arrêt qui serait le résultat de la plus audaeieuse violation de la loi. Ce n’est pas tout : si pareil arrêt était maintenu, l’admission du recours en grâce ne serait pas suffisant; la conscience publique, la sécurité des citoyens récla ment autre chose. Il faut une enquête! Si les faits sont exacts; ce que nous nous refusons à croire, ils tomberaient certainement sous l’application de l’ar ticle 183 du Code pénal, lequel est ainsi conçu : « Tout juge ou administrateur qui se sera » décidé par faveur pour une partie ou par » inimitié contre elle sera coupable de for» faiture et puni de la dégradation civique. » L’honneur de la magistrature demande que l’on voie clair dans cette affaire. Il faudrait savoir si les citoyens fran çais doivent être jugés suivant les lois ou...
À propos
La Croix est un journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880. Quotidien depuis 1883, il continue d'être publié de nos jours, dans une version bien moins partisane et religieuse que par le passé.
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