Extrait du journal

Casquette blanche sur la tête, le dos nu, pyjama rouge, à pieds d’éléphant, balayant le bitume de la chaussée... Vraiment, cela faisait de la peine. Et pas seulement au prêtre, mais au Français... au Parisien que je suis. En la regardant passer, cette dame, je me rappelais la phrase que me dit, jadis, un guide en Afrique : « Il y a deux choses que Dieu n’a pas finies : l’éléphant et Djibouti... » Djibouti doit s’être amélioré. Mais l’éléphant a vraiment en core l’œil bien petit pour le reste du corps !.. & J’avais hâte de retrouver la Vendée. ' Elle était là vivante, vibrante, en plein air, applaudissant son évêque et ceux qui venaient lui apporter la bonne parole ! Quelle différence entre cette foule-là et l’autre ! L’autre, elle était étrangère au pays. , Celle-ci, c’était la fleur de son sol... L’autre, elle était sur la plage pour son plaisir. Celle-ci était là pour la défense de sa foi. L’autre était quelconque, sou vent laide, et choquante. Celle-ci était belle, de la belle beauté française. Au milieu des hommes à la tenue grave, les coiffes des Sablaises s’envolaient dans le ciel comme de grands pa pillons de mer !... & Cette foule.. ? Elle se souvenait d'hier, si terrible, et elle songeait à demain, si inquiétant. Elle venait s’instruire... se faire une conscience de presse... cons tater le péché de porter, toùs les jours, sa goutte d’eau, c’est-à-dire ses cinq sous, à l’océan du Mal... . On n’ouvre pas sa maison à tout le monde,,. On ne mange pas tout... On ne doit pas tout lire. — « -■■■■ .Nous avons voulu aussi lui mon trer, à ce peuple, la puissance du journal régional. Car, de même que le berger David avec cinq cailloux abattit; Goliath... De même qu’un petit sous-marin peut envoyer par le fond un cui rassé géant... De même, la presse régionale, si elle est bien faite, reste une arme très efficace, parce qu’elle est l’ex pression de la « petite patrie » si aimée... parce qu’elle agit dans le calme provincial, si favorable à l’emprise du journal. Quelles rallonges un curé de campagne met à ses deux bras quand, tous les jours, le bon jour nal vient 'aider son apostolat dans le plus grand nombre des familles de son village, et pénètre là où souvent lui ne peut pas entrer ! # Je suis reparti, content de ma journée, et d’avoir été « eu ».. Le soir, appuyé au bastingage du bateau qui me ramenait dans l’île, je voyais le soleil se coucher sur tout ce marais vendéen, où dort Louis de La Rochejaquelein et que je venais de parcourir... sur ces bois... sur ces « bourines » aux toits de chaume, sous lesquels se cachèrent des prêtres traqués... Et j’avais l’impression que la Vendée n’avait pas oublié son ca pital de sacrifice et d’honneur... et qu’au milieu de la déliquescence actuelle elle entendait rester la cellule saine, vivante, chrétienne., Efr que, paroisse par paroisse, toujours comme jadis elle prenait les moyens modernes pour y par venir... ‘ Pierre l’Ermite....